Elu largement député de la première circonscription de Charente-Maritime, ce « Hollandais » de longue date porte un coup sérieux aux ambitions politiques de l’ex-compagne du chef de l’Etat.
Chez Ségolène Royal, son nom rime avec félonie et Sarkozy. Mais du côté de ses partisans on le marie plutôt avec « Hollandie »… et Valérie. Soutenu publiquement par la compagne du chef de l’Etat, ce qui a donné un tour plutôt scabreux à l’issue des législatives à La Rochelle, Olivier Falorni a terrassé Ségolène Royal au second tour dimanche soir, avec plus de 62% des suffrages. Ce quadragénaire aux cheveux coupés courts, grisonnants, et aux yeux bleus a bénéficié sans s’émouvoir du report des voix qui s’étaient portées au premier tour sur la candidate de l’UMP. Il était soutenu par l’ancien ministre UMP Dominique Bussereau et, plus discrètement, par l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Mais aussi par une poignée de « jospinistes » du PS, parmi lesquels l’ancien ministre de l’Intérieur, Philippe Marchand, et le conseiller régional Jean-François Fountaine.
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Olivier Falorni, « de souche rochelaise », comme il l’a précisé tout au long de la campagne pour mieux dénoncer le « parachutage » de Ségolène Royal, pourtant présidente de la région, a ainsi réussi à agréger autour de sa candidature tous ceux qui avaient des comptes à régler avec l’ex-candidate à la présidentielle de 2007.
Cet enseignant, qui n’a jamais abandonné son travail, malgré ses mandats de conseiller régional et d’adjoint aux finances du maire de La Rochelle, est l’arrière-petit-fils d’un immigré italien fuyant l’Italie fasciste, et le petit-fils de Gino Falorni, grand joueur de basket des années 1950, qui a donné son nom à un stade de La Rochelle.
« Un Hollandais de la première heure »
Olivier Falorni n’a jamais été un « royaliste ». Il se vante d’être « un Hollandais de la première heure ». Il a été séduit dès 1998 par le premier secrétaire du PS et s’est inscrit dans son sillage, devenant en 2004 secrétaire de la fédération de Charente-Maritime. Il l’a soutenu lors de ses revers politiques, en 2005, après le rejet du traité constitutionnel européen, et en 2008 au congrès de Reims. Les journalistes l’ont repéré depuis longtemps, toujours aux côtés de François Hollande lors des universités d’été du PS qui ont lieu chaque fin d’été à La Rochelle. C’est lui qui organise le traditionnel apéritif au siège de la « fédé », au cours duquel se croisent tous les chefs des courants du parti.
« Pour lui, pendant des années, ce n’était pas facile. Etre hollandais quand tout le monde allait chez Royal, puis chez DSK », souligne un de ses proches.
C’est cette fidélité politique qu’aurait voulu récompenser Valérie Trierweiler dans son « tweet » de l’entre-deux tours. Mais à La Rochelle, certains insistent aussi sur les liens privés entre Olivier Falorni et le couple Hollande-Trierweiler. « Il les a abrités au début de leur histoire et c’est normal qu’elle lui renvoie l’ascenseur ».
Le 4 mai, Olivier Falorni avait fait six heures de route aller-retour pour assister au dernier meeting de la campagne présidentielle de François Hollande, à Périgueux. Souriant, sous la pluie, il affirmait que rien ne le ferait renoncer à son ambition à La Rochelle. « Pas même si François Hollande, devenu président de la République, vous le demandait ? » lui rétorquait-on.
« Aucune pression, même venant de lui, ne me ferait reculer », répondait-il, avant d’ajouter : « François n’essaiera même pas ». Dans l’entourage du chef de l’Etat, on souligne que « François » a pourtant essayé de ramener le dissident à la raison et lui a interdit d’utiliser l’étiquette majorité présidentielle dont il se réclamait sur ses tracts de campagne. Le chef de l’Etat a même publié un texte de soutien sur la profession de foi de second tour de Ségolène Royal, ce qui a suscité la colère « tweeteuse » de Valérie Trierweiler.
Voilà donc Olivier Falorni député. Il ne siègera pas au sein du groupe PS de l’Assemblée nationale, même si on peut penser qu’il sera réintégré au nom de la « realpolitik » dans quelques semaines ou quelques mois. Le temps d’oublier la tempête de La Rochelle.
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