L’enquête d’une femme sur les traces d’un disparu. Impressionniste et esthète.
A moins d’ériger le non-sens en manifeste (versant Ossang) ou d’assumer la simple vertu décorative d’un récit (versant Grandrieux), le cinéma expérimental français, lorsqu’il quitte la confidentialité des galeries, s’accommode assez mal des questions de narration.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Peut-être conscient de ce dilemme – l’image reine contre le storytelling –, le réalisateur-vidéaste-photographe Ange Leccia évacue d’emblée toute ambiguïté : “Jean est mort”, voilà pour l’intrigue.
Le reste de cette Nuit bleue, à mi-chemin entre film-installation et polar low profile, est consacré à une sorte d’enquête existentielle d’une femme (Cécile Cassel, sublime), partie dans le maquis corse sur les traces du disparu.
C’est dans ces paysages sauvages, battus par la pluie et les explosions terroristes, que la caméra impressionniste d’Ange Leccia enregistre ses plus belles séquences : un rayon lumineux qui file dans une nuit d’encre ; une virée en voiture bercée par Tino Rossi…
Quelques fulgurances formelles, qui paradoxalement révèlent les faiblesses de la fiction, dont les esquisses (drame familial, trio amoureux, fable politique) souffrent d’un manque d’incarnation.
Romain Blondeau
{"type":"Banniere-Basse"}