Il est bon de vérifier parfois l’endroit où l’on se rend, disait le philosophe. C’est ce que je me suis dit au moment où, devant l’Astral, je me suis rendu compte que le concert de Marie-Pierre Arthur était finalement au Club Soda. Mais il y avait pourtant du bon dans cette méprise, doublement du bon. […]
Il est bon de vérifier parfois l’endroit où l’on se rend, disait le philosophe. C’est ce que je me suis dit au moment où, devant l’Astral, je me suis rendu compte que le concert de Marie-Pierre Arthur était finalement au Club Soda. Mais il y avait pourtant du bon dans cette méprise, doublement du bon.
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D’abord cela m’a permis sur le trajet d’attraper ce qu’on appelle ici une « pointe de pizza » – qui m’a brisée l’œsophage je ne remercie pas le cuisinier, mais surtout de faire la connaissance, en chemin, d’un rappeur qui s’appelle Maybe Watson. Au delà du nom qui est cool, le dénommé Maybe est peut-être – enfin certainement – un des mecs qui m’a le plus impressionné micro en main depuis que j’ai déboulé au Québec. Une vraie décontraction, des instrus ni trop old-school ni trop laidback, des textes vraiment drôles et absurdes, bref, du bon hip-hop comme il nous en faut pour survivre à ce monde qui nous empèse chaque jour un peu plus (en disant ça je pense au match qui attend les Bleus contre l’Ukraine que je devrais suivre quelque part dans Montréal, je cherche encore un endroit qui porte chance si vous avez des suggestions : pierre@inrocks.com).
Après Maybe Watson, j’ai filé voir un concert qui reste pour le moment ma claque de ce festival – il me reste encore un jour, donc c’est bien marré. Marie-Pierre Arthur. Souvenez-vous c’était il y a trois ans dans ce même blog des Francos je vous avais parlé d’une jeune chanteuse découverte en première partie qui jouait des miniatures pop/folk du plus bel effet (comment ça vous ne vous en souvenez pas). Eh bien trois ans plus tard, cette même jeune femme a pris une ampleur considérable. Dans la foulée de son nouvel album, Aux Alentours (sorti chez Bonsound), c’est une performance absolument convaincante qu’a livré celle qu’Olivier Robillard-Laveaux appelle la « Reine Arthur ». C’est pop, c’est enlevé, c’est tonique, les chanson sont de véritables petites épopées et on retrouve à certains moments l’énergie qui est celle d’Arcade Fire. Cerise sur le gâteau cette reprise de ma chanson préférée de John Lennon, Jealous Guy, chantée par morceaux par tous les membres du groupe.
Après ce petit coup de massue sympathique direction Rob Charlebois qui fait le job comme un boss sur la place des Festivals. Chuis sur Québecair la la la je ne sais pas pourquoi cette chanson me remplit de joie et quand je vois Robert au loin ça me rappelle cette anecdote que peu de gens connaissent. Cette avec un guitare ayant appartenu à Charlebois, et que celui-ci avait filé à son frère, qui lui l’avait revendu au Mexique, que joue Pat Smear dans le Unplugged de Nirvana. Unplugged dont on a avait entendu l’une des chansons, reprises lundi par Lisa Leblanc (que j’ai croisée au Club Soda) celle de Leadbelly – Where Did You Sleep Last Night qu’avait transcendée Cobain. La cohérence de tout ce qui se passe ici à Montréal est extraordinaire il faudra que j’en parle à un chaman.
C’est en compagnie de l’excellente Michelle Provencher que je me rends ensuite au concert d’Alexandre Belliard qui joue un folk historique conseillée par O-R-L dont je viens de parler plus haut. Ça parle de Gaston Miron, de René « Quelque chose comme un grand peuple » Lévesque, ça chante un peu folk et on pense au Tom Joad de Springsteen ou à ces Seeger Session. C’est assez agréable. Puis je file en compagnie d’URL me faire prendre en photo dans une sorte de coin pub mi-voiture de sport mi Canadiens de Montréal, et c’est ensuite direction le concert de Eiffel, qui joue en avance quelques morceaux de son album à venir. Tout ça sonne très Noir Désir, un peu daté, et me propulse en compagnie de O-R-L et de l’excellent Fred Poulin en direction du Word Up qui se déroules aux Katacombes. Là je peux vous dire c’est chaud c’est comme dans 8-Mile et même Sneazzy de 1995 qu’on aperçoit ne fait pas le malin. Les punchlines volent bas et le spectacle est assez dingue. De véritables castagnes de mot. Le type qui m’impressionne le plus est un certain « Baggies » – un grand type brun longiligne à casquette qui assure et qui massacre littéralement un type qui lui ressemble un peu à Eminem (donc plutôt petit et blond) et qui s’est pourtant bien défendu. C’est âpre, c’est drôle, c’est improvisé, et surtout c’est un véritable bonheur pour les oreilles.
Sur place je retrouve Laurent Saulnier et Fred Lamoureux et croyez-moi à la première pause on s’envoie des punchs que vous ne voulez par entendre, déformés que nous sommes par le Word Up – et un peu par l’alcool aussi. Il est une heure du matin quand se pose la question du Shag, mais je la résout assez vite en décidant de me réserver pour demain et pour la performance de DJ Lô de 1995. Je rentre donc comme un homme sage. Le regretterai-je demain ? Très certainement.
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