Anthropomorphisme ringard, musique grandiloquante…Un recensement de tous les travers du cinéma animalier.
Le bonobo (Pan paniscus) est le grand singe le plus proche de l’homme (Homo sapiens sapiens), puisqu’ils partagent 98,7 % de leurs gènes. C’est le seul singe à vivre sous le régime matriarcal, et un mythe moderne lui attribue une sexualité débridée, bien réelle, dont il userait pour briser les conflits – des études récentes montrent que cette copulation pacificatrice ne serait en réalité pratiquée que par les bonobos en captivité.
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Sa population, en trente ans, serait passée de 100 000 à 10 000 individus dans la zone où il vit, en république démocratique du Congo (RDC). Souvent victime des braconniers, il est aujourd’hui protégé par les lois congolaises et internationales.
Il y a dix ans, Claudine André, une Belge qui vit en RDC depuis toujours, a décidé d’ouvrir un centre d’accueil (Lola ya bonobo, “le paradis des bonobos” en langue locale) pour les homoncules en détresse que le hasard mettait sur son chemin dans les rues de Kinshasa. Avec son équipe, elle les réadapte peu à peu à la vie sauvage avant de les réintroduire dans la jungle.
Le premier film de cinéma d’Alain Tixier (réalisateur de nombreux sujets pour Les Carnets de l’aventure ou Ushuaïa) est une sorte de docu-fiction qui se donne pour but de raconter la trajectoire exemplaire d’un bonobo prénommé Béni, de son enfance à l’âge adulte en passant par sa rencontre avec Claudine André et son séjour à Lola ya bonobo.
Bonobos le film, produit par Jean-Pierre Bailly (heureux instigateur des docus à succès de Nicolas Vannier – Loup, Le Dernier Trappeur), à la fois didactique et grand public, inspire pourtant de méchantes pensées.
Sans vouloir rejeter par principe le cinéma animalier, on peut quand même s’indigner du fait que l’on continue encore, après de nombreuses polémiques, à pratiquer ce sous-genre comme le faisaient Jean-Yves Cousteau ou Frédéric Rossif dans les années 70.
Certes, avec dix fois moins d’argent que Jacques Perrin, Bonobos échappe à la correction numérique abusive d’Océans, mais il n’évite aucun des grands piliers du docucu SVT : musique grandiloquente, morale écolo neuneu (une voix off nous livre les pensées anthropomorphiques du singe), culte du héros sauveur, personnages secondaires sans nom (la plupart des employés de la réserve), bidouillage allègre (alliances de plans pris visiblement dans des lieux et à des moments fort différents), et puis ce petit refoulé colonialiste qui oblige Claudine André (doublée parfois par Sandrine Bonnaire, on ne sait pas pourquoi) à ne jamais quitter ses beaux uniformes kaki ou beiges…
Avec la voix de Sandrine Bonnaire.
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