Surproduit et sous-écrit, le blockbuster annoncé et plutôt piteux de l’homme aux Ch’tis.
Un douanier français (Dany Boon) vit une idylle avec une jeune femme belge. Hélas, le frère de la belle n’est autre que le douanier belge le plus violemment francophobe du monde (Benoît Poelvoorde).
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Difficile de juger le troisième film de Dany Boon à l’aune du reste de la production française. Non que Rien à déclarer pose le moindre obstacle à l’analyse esthétique : tout est mal filmé, mal écrit, peu drôle (nous avons ri deux fois en une heure quarante, et grâce à Bruno Lochet), l’interprétation inégale (Poelvoorde a une très bonne scène, émouvante, avec son fils).
Les dialogues sont bourrés de clichés, et l’analyse des rapports entre la France et la Belgique semble bien surannée (sérieusement, en est-on encore là ?).
Le propos, bien-pensant et anodin (la xénophobie, c’est mal), aboutit à une impasse consensuelle (les gens racistes, on peut pas les changer, mais ils ne sont pas si méchants que ça).
Mais on se doit de tenir compte du nombre d’entrées inédit affiché par le précédent film de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch’tis (20 479 826 pour être précis), qui lui a valu de battre le record détenu par La Grande Vadrouille de Gérard Oury, la reconnaissance éternelle des beaufs et de l’office du tourisme régional du Nord, la Légion d’honneur des doigts fins de Sarkozy, la bise de Line Renaud et l’affection éternelle, elle, du public français.
La question étant : qu’est-ce qui pousse près du tiers de la population française à se ruer dans les salles pour voir de tels films (sans préjuger de l’audience de ce nouvel opus boonien) ?
On peut évoquer l’aspect familial de Bienvenue chez les Ch’tis : pas de sexe, pas de vulgarité, pas de violence. Si c’est le cas, Rien à déclarer risque alors d’en décevoir plus d’un million, avec ses longs et laborieux passages sur les problèmes gastriques d’un trafiquant “chargé” de boulets de drogue, le déshabillage d’un suspect qui se retrouve en slip, et les scènes d’action un peu trop réalistes où des personnages se font buter comme dans n’importe quel polar d’Olivier Marchal.
Bref, sans doute poussé par un budget qu’on devine disproportionné par rapport à ses ambitions artistiques mais pas à ses espérances commerciales, Dany Boon perd de sa simplicité.
Reste que la vraie raison de son succès se situe peut-être ailleurs : la plupart des spectateurs ne sont pas sensibles aux détails des films. Ce qu’ils aiment, c’est retrouver un univers rassurant, même quand il est entièrement faux.
Alors, oui, sans doute, ceux qui adorent les vieilles tables de bistrot de campagne avec la nappe à carreaux et le chignon de la patronne aimeront Rien à déclarer. On craint qu’ils soient nombreux.
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