Premier film de l’acteur de Capote.
Trop souvent, lorsqu’un acteur se met en tête de faire son propre film, c’est pour montrer de lui une vérité qu’il juge scandaleusement inexploitée. Un acteur aux rôles timides fera un film déjanté, un acteur aux rôles déjantés fera un film timide. Philip Seymour Hoffman, tout le monde le connaît pour ses rôles démesurés, de Truman Capote au méchant de Mission Impossible III.
Pour son premier film de réalisateur, exit donc la séduction machiavélique, bonjour la mocheté tout en minauderies complexées. Il joue le rôle d’un chauffeur à New York dont tout dans la vie est ingrat : la gueule, le tour de taille, les amours, etc. Cette ingratitude a pour revers prévisible une manière d’être au monde (il est trop sensible) qui agace par sa pusillanimité. Heureusement, Seymour Hoffman est entouré de deux acteurs qui ne pensent pas que le charme est forcément une compromission : Amy Ryan (la flic des douanes de The Wire) et surtout John Ortiz dont la vitalité égaie l’ensemble. Quand Paul Newman ou Cassavetes passaient derrière la caméra, c’était aussi par énervement contre le “système”, pas pour exprimer leur part de sensiblerie, qui d’ailleurs n’existait pas. Axelle Ropert