A la fois limpide et étrange, un premier long métrage touchant sur la fin des amitiés adolescentes et la jeunesse qui passe.
Ce souci du réalisateur de creuser un même sillon est peut-être en partie à l’origine du sentiment d’étrange limpidité que l’on ressent face à l’estival et automnal Memory Lane, son premier long. Mais cette transparence un peu déconcertante semble surtout résulter du point de départ – le familier – à partir duquel ce beau film mélancolique se déploie délicatement.
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De retour, pour diverses raisons, dans la banlieue où ils ont grandi, des amis évoluent, le temps d’un été et sans doute pour une dernière fois ensemble, dans la géographie de leur enfance et de leur adolescence.
Hers établit à travers leurs trajectoires et rendez-vous une sorte d’inventaire à la fois cotonneux et un peu flippant des lieux de leur histoire commune : la piscine municipale, le parc, les raccourcis pris pour rentrer à la maison la nuit après les fêtes.
Il y a aussi l’école, désertée pendant les vacances, où habite la mère de Vincent, gardienne un peu solitaire d’un temple chargé de souvenirs. Son fils y loge provisoirement et y répète avec son groupe des chansons pop douces et mélancoliques.
Se dégage des jeunes adultes filmés quelque chose de très sage, de presque trop aimable et propre, qui en irritera sans doute certains tant les personnages semblent se fondre dans le cadre, s’accommoder jusqu’à un certain point de ses contours désuets.
Mais cet ancrage-là constitue un angle important du film puisqu’il y est bien question de replonger dans le connu, et peut-être de vouloir, pour diverses raisons, le retenir (par exemple, le temps d’une danse filmée au ralenti).
De ces retrouvailles avec le même, les personnages tirent une expérience nouvelle, pas toujours agréable : l’inévitable et cruel constat d’un changement (le cancer d’un père, l’atmosphère asphyxiante d’une maison de famille désertée).
La présence de Marie Rivière (la gardienne de l’école) apporte au film une brève coloration rohmérienne magique mais aussi trompeuse quant aux références possiblement convoquées.
Les leitmotiv du film – les plans sur la ville traversée par un train, les marches des personnages – évoquent surtout le cinéma japonais classique, Ozu, Naruse… Un monde ordinaire et flottant qui, sous ses airs tempérés, distille de belles touches suggestives et fait s’entrechoquer en sourdine des temps et des sentiments forts, créant d’émouvants moments de rétention d’un présent que tout le monde sait éphémère.
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