Un docu sensible capte la parole des ouvriers du plus grand abattoir d’Alger.
Un souvenir récent se rappelle à notre esprit devant Dans ma tête un rond-point : les images de l’association L214 filmées à l’abattoir d’Alès diffusées en septembre.
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Hassen Ferhani, outre qu’il filme magnifiquement, ne montre pourtant pas la même chose : cette fois, on est avec les hommes, qui relatent leurs histoires, leurs aspirations déçues, les frustrations de la classe ouvrière algérienne, dans les à-côtés de l’usine de mort – pause cigarette, nettoyage, palabres de fins de journée. Ici passent quelques bêtes, lentement suivies par la caméra ; là, d’autres agonisent, à quelques pas d’un technicien indifférent.
Systèmes oppressifs
Que filmer dans les abattoirs ? Grande question partagée par le film et les images d’Alès, dans ces lieux tenus généralement loin des caméras, où se font face une condition prolétaire alarmante et une chaîne de mort industrialisée.
Ferhani arrive à merveille à dédoubler le regard, révéler les paradoxes de cette très étrange coexistence de deux systèmes oppressifs, incommunicables l’un à l’autre : celui des hommes entre eux, celui des hommes et des bêtes ; l’un se filme et s’exorcise par la parole, l’autre se tient juste à côté, sanguinolent, impénétrable.
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