Le départ de la présentatrice signe le déclin de la grandmesse du 20 heures.
Cabossée, la Ferrari a donc jeté l’éponge. En décidant d’abandonner avec pertes et fracas la présentation du journal de 20 heures de TF1, la première dame de l’information télévisée de France a provoqué un séisme dans le paysage médiatique.
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Au-delà des raisons – objectives, personnelles, affectives… – qui l’ont poussée à quitter TF1 dans un contexte de grosse pression (critiques de sa rédaction, audience en baisse, ronronnement d’une formule sans nouveau souffle éditorial, perte de prestige par rapport au journal concurrent de France 2…), il est sidérant de constater combien ce geste apparemment anodin suscite encore en France un tel émoi.
Si à l’échelle des “valeurs” du microcosme télévisuel, l’événement fait évidemment sens, il se dégonfle à l’échelle du monde réel. Parce que la transparence de Laurence Ferrari, quels que soient ses talents, pèse plus que l’influence de son verbe. Parce que surtout, le journal de 20 heures est devenu dans son principe même un rendez-vous creux et désuet à l’heure de l’information continue et des réseaux sociaux. David Pujadas et Laurent Delahousse sont dans le même bateau, il coulera bientôt lui aussi, en dépit de leurs motos mobiles et de leur bagout en plateau. Alors que tous les indices de la transformation accélérée des médias annoncent déjà l’éclipse de la messe du 20 heures, il est ainsi paradoxal de mesurer combien les téléspectateurs ne sont pas tous prêts à se délester de leur chère liturgie cathodique.
Avec son air diaphane et sa raideur de carmélite, Laurence Ferrari croyait pouvoir faire un miracle : à la lumière féroce de la Une et des foules déçues, elle préfère la retraite au terme de quatre années de pénitence. Elle a enfin compris qu’au-delà de 20 heures, la vie continue.
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