L’amour, l’amitié, les avions, exaltés par la mise en scène effervescente de Hawks.
Seuls les anges ont des ailes est la quintessence du style hawksien, peut-être le film le plus chimiquement pur de son auteur. On est en 1939, Cary Grant a 35 ans et il est déjà l’homme le plus classe du monde, avec son panama blanc et sa chemise boutonnée jusqu’en haut, surmontée d’un blouson aviator. C’est ainsi accoutré qu’il gère, depuis un comptoir isolé des Andes (qui fait office de cantine et de bureau), sa petite compagnie aéropostale, tentant d’y épargner (au sens de “faire des économies”) la vie de ses pilotes téméraires. Showgirl échouée là un peu par hasard, Jean Arthur le toise et lui tourne autour, tandis que la très jeune Rita Hayworth (dans son premier rôle notable) joue les femmes fatales…
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Un petit groupe de professionnels avec une mission à remplir, des amitiés viriles, des femmes de caractère, des atmosphères enfumées où semble à chaque seconde se jouer l’avenir du monde (alors qu’il ne s’agit que de porter du courrier) : pas de doute, on est bien là chez Howard Hawks, qui jouissait déjà à l’époque d’une solide réputation.
On en rit mais la mort rôde
Mais ce qui fait de ce film-ci un de ses plus beaux, c’est d’une part l’alchimie entre Cary Grant et Jean Arthur, tous deux virils et félins à la fois, mix irrésistible d’attributs féminins et masculins, d’autre part la radicale effervescence des enjeux dramatiques. On en rit mais la mort rôde, et plus elle enserre les personnages de sa sournoise étreinte, plus ceux-ci se doivent de la braver pour s’en dégager. Les yeux dans les yeux, le sourire au coin de la bouche.
Seuls les anges ont des ailes (E.-U., 1939, 2 h 01, reprise)
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