Un documentaire montre comment le net a mis fin à l’idée de vie privée.
En décrivant presque platement comment internet a fait exploser la vie privée, Cullen Hoback donne une bonne leçon aux navigateurs insouciants du web. Quand nous signons sans les lire certains contrats virtuels (logiciels, sites), nous vendons notre âme au diable sans le savoir.
Google, Facebook, Twitter sont devenus des mines d’informations pour la police et les publicitaires. Nos profils, nos goûts et habitudes sont minutieusement épluchés. Les réseaux sociaux, les chats, les tweets et les mails sont des livres ouverts pour toutes sortes d’officines et autres agences de renseignements, y compris la puissante NSA américaine.
Des milliers de big brothers nous surveillent. Voir le témoignage d’un Irlandais qui, parti faire la fête à Las Vegas, tweeta négligemment qu’il allait “détruire l’Amérique” (= y mettre le souk). Dès son arrivée aux Etats-Unis, il fut arrêté et refoulé.
Vers le précrime ?
Idem pour Joe Lipari, comique new-yorkais qui, après avoir plaisanté sur Facebook en copiant un dialogue belliqueux du film Fight Club, a vu débarquer une équipe du Swat armée jusqu’aux dents. On s’approche du concept de précrime de Minority Report.
Bref, ce documentaire rappelle utilement que tout internaute est la proie consentante de la police et du commerce. Le roseau pensant de La Fontaine est devenu un objet. Dommage que le film ignore les enseignements du poète Michel Berger exhortant à tout débrancher. La liberté de vivre sans internet, sans réseaux sociaux, ni télé, ni téléphone reste acquise. Nous ne sommes pas des numéros.
Les Nouveaux Loups du web de Cullen Hoback (E.-U., 2013, 1 h 17)