Le fantasque Maddin persiste avec un patchwork dont la féerie surannée le dispute à la frénésie.
Fidèle à son extrême fantaisie rétro, consistant grosso modo à réécrire l’histoire du cinéma des débuts du parlant à l’aune de la sensibilité contemporaine, avec un zeste de trash, de provoc surréaliste et un sens obsessionnel de la parodie, Guy Maddin revient avec une œuvre plus alambiquée et désaxée que jamais ; il démontre qu’on peut produire un arte povera à la facture très lo-fi à partir des techniques numériques d’aujourd’hui.
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De plus, il semble cette fois avoir compliqué la donne en tournant une série de courts métrages en public sous forme de performances (au Centre Pompidou à Paris et au Centre Phi à Montréal), lesquels furent ensuite tissés intimement pour produire cet invraisemblable film à tiroirs, dans lequel, par exemple, un bûcheron canadien déboule directement d’une forêt – où il était en butte à un clan d’hommes-loups ayant kidnappé sa dulcinée – dans un sous-marin en perdition.
Des épisodes rocambolesques
Les jeux outrés du cinéaste se poursuivent, mais la modicité de ses moyens est, plus que jamais, diamétralement égale à la vastitude et la ductilité de son imaginaire. Ces épisodes rocambolesques sont tournés dans des mouchoirs de poche et agrémentés de mille brouillages cosmétiques qui les déréalisent et les enluminent.
En prime, un inénarrable clip musical des Sparks, The Final Derriere, avec Udo Kier en obsédé du cul, et André Wilms en psy, est inséré dans la trame de ce mille-feuille endiablé.
La Chambre interdite de Guy Maddin et Evan Johnson (Can., 2015, 2 h 10)
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