Deux ans après « Burn Your Fire for No Witness », Angel Olsen revient avec un album mystique. Et continue de construire un monde dont elle seule maîtrise les secrets.
A l’heure où la scène folk-rock ne cesse d’accueillir de nouveaux visages, une outsider, bien loin de la bataille, y fait ses preuves avec classe. Pourtant, malgré son CV (elle chante, écrit, compose et joue tout elle-même), Angel Olsen a l’air de la parfaite girl-next-door quand on la rencontre – celle dont le rire fait résonner la pièce entière et dont la timidité désarme autant qu’elle charme. Une timidité qui n’a rien d’évident à l’écoute de My Woman, nouvel album badass d’une Américaine plus cool que la plus cool de tes copines.
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Sur le papier, l’histoire d’Angel Olsen peut ressembler à tout ce qu’il y a de plus classique. Enfant du Missouri, très vite tournée vers la musique, elle s’épanouit plus tard avec un groupe, puis revient finalement à la musique en solo. Déjà très jeune, elle oublie de faire les choses comme les autres.
“Quand j’étais petite, raconte-t-elle, mes parents m’ont acheté un petit synthétiseur. Beaucoup d’enfants auraient joué quelque temps avec avant de passer à autre chose, mais pour moi ça a été une véritable obsession, je ne le quittais presque pas. Je suis ensuite passée à la guitare, et depuis ce temps, je n’ai jamais cessé de jouer.”
La jeune Américaine continue donc son chemin (d’abord dans l’ombre, comme choriste au sein d’un groupe folk), et finit par écrire son tout premier ep, Strange Cacti, en 2010. Là, tout s’accélère : Angel Olsen rencontre un début de succès avec une poignée de singles accrocheurs, et elle n’arrêtera plus de composer.
Aujourd’hui, elle prend le temps d’observer le chemin qu’elle a parcouru pour en arriver à My Woman.
“A l’époque de Strange Cacti, se souvient-elle, je n’avais pas de public, et je n’avais jamais fait de concert. L’industrie de la musique était un mystère pour moi, c’était une période très pure de ma carrière. En fait, My Woman parle de ce que j’ai appris ces six dernières années. J’ai grandi. Et j’apprends les choses de moi-même désormais, naturellement, sans anticiper en permanence.”
Bien loin des artistes en quête perpétuelle de changement, Angel Olsen se construit au fil de ses albums, et les remplit d’une sincérité poignante. Mais quand on la questionne sur les différences vocales dont elle fait preuve tout au long de My Woman, elle répond : “J’essaie juste de chanter sans trop intellectualiser la chose.” Tout simplement.
Finalement, c’est à travers un disque au deux visages qu’Angel Olsen révèle le sien. Sa face A explose, tord et frappe tant par ses riffs abrasifs que par ses titres (Shut up Kiss Me, hymne aussi fun qu’enragé, et Not Gonna Kill You, passif-agressif à souhait), tandis que sa face B oscille entre élégies délicates et envolées presque lyriques (Sister, Pops). D’ailleurs, Angel Olsen elle-même ne sait toujours pas définir l’atmosphère entourant ses propres créations.
“Je ne sais pas si c’est un album heureux ou malheureux, dit-elle. Je dirais qu’il est doux-amer. Heureux et paisible, mais toujours nostalgique et triste.”
Pour finir, ne sachant s’il faut rire ou pleurer, on peut se contenter d’écouter My Woman encore et encore, dans une perpétuelle béatitude.
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