L’ancienne actrice de Friends Lisa Kudrow reprend du service dans « Web Therapy », une comédie qu’elle porte sur ses épaules loufoques.
Aux amateurs de séries qui se sont découvert un amour du genre ces dernières années, Friends renvoie souvent l’image d’une série ringarde, voire rétrograde. Ses aspects les plus pudibonds sont facilement raillés, ses rires en boîte ne passent pas, sa morale blanche et riche dégoûte. Et pourtant. Pendant dix ans de succès ininterrompu (1994-2004), cette sitcom générationnelle a impressionné par sa vista et son sens de l’humour en groupe complètement unique. Sans atteindre la grandeur théorique de Seinfeld, Friends a proposé un nouveau genre de comédie rapide dans son exécution et très référencée, posant joyeusement avec quelques autres les jalons de la comédie télé contemporaine.
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Même si les mauvaises sitcoms se multiplient chaque saison, sans la création du duo Marta Kauffman et David Crane, des perles plus extrêmes comme Arrested Development ou Community n’auraient probablement pas existé. L’une des manières de réfléchir à l’héritage de Friends huit ans après ses derniers feux, un soir de mai 2004, consiste à observer la suite qu’ont donnée à leur carrière ses acteurs multimillionnaires – Jennifer Aniston, Courteney Cox, David Schwimmer, Matt LeBlanc, Matthew Perry et Lisa Kudrow ont fini par toucher un million de dollars à chaque épisode !
Dans l’ordre, la première est devenue une star du ciné commercial en phase légèrement défavorable ; la deuxième une vedette de comédie télé (l’intéressante Cougar Town) plutôt déclinante ; tandis que le troisième s’occupe comme il peut en réalisant notamment des films indépendants plus ou moins réussis, comme le récent Trust. Les trois derniers semblent les plus intéressants. Matt LeBlanc s’amuse comme un fou dans une comédie agressive sur les coulisses de Hollywood (Episodes) pour laquelle il a remporté un Golden Globe au mois de janvier dernier. Matthew Perry, quant à lui, a croisé le génie d’Aaron Sorkin dans Studio 60 on the Sunset Strip et vient de retrouver un premier rôle dans une comédie (Go on), produite par un ancien de Friends, Scott Silveri, à voir en septembre.
Reste Lisa Kudrow, notre chouchoute, celle qui traversa la série de manière impassible dans le costume de l’illuminée/ idiote/inquiétante Phoebe. Les choix de cette blonde sagace qui aura bientôt quarante-neuf ans apparaissent comme les plus expérimentaux, peut-être les plus fous, en tous cas les plus personnels. Kudrow a fait équipe dans un premier temps avec le showrunner de Sex and the City Michael Patrick King, créant avec lui The Comeback. Diffusée en 2005 sur HBO, cette comédie satyrique sur la téléréalité brillait par son esprit de méchanceté absolue et sa crudité. L’ex de Friends y montrait un sens puissant de l’autodérision, une logique qu’elle pousse à bout avec Web Therapy, qu’elle a de nouveau cocréé.
Comme son nom l’indique, la série a d’abord existé sur internet à partir de 2008, avant d’être diffusée sur Showtime depuis l’année dernière dans une version d’une trentaine de minutes par épisode. Lisa Kudrow y interprète Fiona Wallice, une psy égocentrique qui s’ennuie beaucoup dans la vie et tente de percer avec son nouveau concept de consultation par chat en trois minutes chrono. Champ. Contrechamp. Blabla. Ce dispositif qui pourrait sentir le gadget produit des effets comiques assez forts, dans ce qui ressemble à une version burlesque et amateur d’En analyse.
Kudrow tient le crachoir avec une verve incroyable et la série décolle par moments de son socle quand madame la psy s’emporte, sort des insanités, et laisse tranquillement le malaise s’installer des deux côtés de l’écran. Dans ces moments étonnamment tendus, l’ancienne Phoebe nous ferait presque peur.
Web Therapy chaque mardi à 22 h 30 sur Teva
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