Chronique fantasque de la vie de bohème à Tokyo au XIXe siècle, autour du peintre Hokusai et sa fille.
Le plus célèbre peintre nippon, Katsushika Hokusai (1760-1849), étant l’inventeur du mot “manga”, il est assez légitime qu’un anime (tiré d’un manga) lui rende hommage.
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Fort heureusement, ce dessin animé en costumes n’a rien d’un biopic à l’américaine. D’ailleurs, comme le titre l’indique, il est essentiellement consacré à l’une des filles de l’artiste, nommée O-Ei, qui, comme le montre le film, serait l’auteur de certaines œuvres attribuées à son père génial et fantasque – mondialement connu pour son estampe La Grande Vague de Kanagawa.
Mais la dimension biographique reste subsidiaire pour Keiichi Hara. S’il ne prend pas l’œuvre du peintre à la légère, et s’attache à dépeindre avec une précision documentaire la vie quotidienne à Edo (ancien nom de Tokyo) au début du XIXe siècle, son film vise avant tout à décrire des rapports humains simples. En particulier les interactions parfois mouvementées d’O-Ei avec son entourage, dont son père, avec lequel elle vit. Mais celui-ci, peu expansif, reste à l’arrière-plan.
Sans être totalement enfantin, le film traite sur un mode presque comique les rapports entre personnages. D’un autre côté, il est assez explicite en évoquant la proximité des peintres avec les prostituées de l’époque (à l’instar des artistes français du XIXe siècle). Et si Miss Hokusai restera vieille fille, malgré les divers flirts dont elle sera l’objet, on assiste tout de même à son apprentissage du sexe, sur un mode toujours ludique, avec un travesti dans un bordel.
Evidemment, cela reste très soft (on n’est pas dans L’Empire des sens). D’autre part, comme dans Colorful, précédent film du cinéaste situé dans un cadre lycéen très contemporain, des envolées oniriques permettent de décoller du simple naturalisme. Cela étant d’ailleurs au diapason de l’éclectisme absolu d’Hokusai, peintre aussi bien contemplatif qu’érotique, et féru de fantastique.
En sus, le film effectue de touchantes incursions dans le mélo avec le personnage de la petite sœur aveugle d’O-Ei. Ce récit discontinu, sans intrigue centrale, sans résolution ni grand morceau de bravoure, se termine en points de suspension. Ses ruptures et oppositions constantes contribuent à son émiettement. Mais témoignent de la délicatesse et de la transversalité d’un récit, où, malgré les apparences, le contemplatif prend le pas sur l’humain.
Cela contribue au charme prenant de cette œuvre antiromantique sur l’art qui ne met pas les points sur les i et préfère l’allusion et l’illusion aux affres lyriques de la création.
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