Folie burlesque : quand l’esprit des comics américains semait la zizanie en Tchécoslovaquie.
Un inédit tchécoslovaque des années 60 dont la liberté et la fantaisie débridée annoncent le Printemps de Prague. Pas vraiment un chef-d’œuvre profond et consistant, mais une farce loufoque témoignant de l’esprit pop qui soufflait alors sur le monde entier.
En gros, il y est question d’un scientifique réussissant à prendre ses désirs pour des réalités. Ses rêves inspirés par une BD font irruption dans sa vie et une folle course-poursuite s’engage entre des Tchèques moyens et des figures archétypales (Superman, cow-boy et dumb blonde) ne s’exprimant que par bulles.
Du proverbial humour tchèque
Une réussite graphique (intégration tonitruante de la BD dans la grisaille de l’Est) et burlesque qui évoque aussi bien les farces échevelées de Richard Lester (avec ou sans les Beatles) que des adaptations iconiques comme Barbarella – aventurière sexy à laquelle fait penser l’actrice blonde du film, Olga Schoberová, alors surnommée la “Brigitte Bardot tchèque” (qui quitta le cinéma pour épouser un producteur américain).
D’un côté les sinistres scientifiques en blouse blanche, dépassés par leurs inventions, de l’autre, des personnages intempestifs et antisociaux tout droit sortis de la psyché américaine.
Cet assaut contre la rationalité et la sinistrose du bloc de l’Est est un échantillon de l’œuvre prolifique de Václav Vorlícek (cinéaste toujours actif), représentant peu connu du proverbial humour tchèque qui semble, hélas, (et paradoxalement) avoir sombré avec la disparition du joug communiste.