L’errance d’une rescapée de la déportation, dans une construction qui s’enlise.
L’errance d’une rescapée de la déportation, dans une construction qui s’enlise. Tsili raconte l’errance d’une jeune femme partie se cacher dans la forêt ukrainienne après que sa famille a été déportée dans un camp. En déployant un dispositif formel proche de l’ascétisme, fait de longs plans-séquences légèrement décadrés, Amos Gitai donne à voir la survie prosaïque de cette rescapée de la déportation, dans une forêt prise au cœur d’un invisible conflit. Hors-champ, la guerre est traitée comme un élément constitutif de l’environnement.
Au chant des oiseaux et au bruissement des feuilles se mêlent les déflagrations d’obus et le vrombissement de bombardiers, retraçant une fois de plus l’éternel mythe du paradis violé. Si l’ouverture du film, longuement mutique, saisit par l’aridité de sa mise en scène, la seconde partie, plus traditionnelle, peine à captiver. Après une rencontre fortuite avec Marek, un autre rescapé, Tsili fuit la forêt pour retrouver un groupe de survivants avec lequel elle entame un exode désespéré. Réduit à sa plus simple expression, le montage se contente d’enchaîner des séquences séparées par des fondus au noir, amputant le film de toute continuité dramatique. L’austérité de la réalisation, à propos dans la première moitié du film, enlise la seconde dans une apathie formelle qui desserre un récit largement ressassé.