Une copie de « Too Much Johnson » (1938), qu’on croyait perdu depuis l’incendie de la maison du cinéaste à Madrid en 1970, a été retrouvée dans un entrepôt du nord-est de l’Italie.
On considérait ce premier film comme définitivement perdu : il n’en est rien. Nul ne sait encore comment et pourquoi les employés du centre culturel Cinemazero ont pu mettre la main dessus, mais cette copie inédite de Too Much Johnson est d’ores et déjà en cours de restauration à la George Eastman House (Rochester, NY). La pellicule y est apparue dans un état de conservation satisfaisant, à l’exception d’une seule des dix bobines, bien plus endommagée que les autres pour des raisons encore inexpliquées. Le résultat du travail de réfection, supervisé par Paolo Cherchi Usai, conservateur de la George Eastman House (le plus ancien musée au monde dédié à la photographie et aux archives filmiques) et Tony Delgrosso, directeur des restaurations, sera projeté le 9 octobre au festival du film muet de Pordenone, où la copie a été retrouvée, puis à la George Eastman House une semaine plus tard.
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Réalisé à l’âge de 23 ans, Too Much Johnson est pratiquement le premier film d’Orson Welles, si ce n’est une expérience de coréalisation en 1934 pour un court-métrage d’avant-garde (The Hearts of Age). A l’époque, le jeune homme est plus aguerri aux planches qu’au grand écran : il fait sensation avec ses adaptations de Shakespeare, et prépare pour le Mercury Theatre une création d’une pièce comique de William Gillette. Il s’agit d’une farce, et Welles décide d’édifier un dispositif mixte entre théâtre et cinéma, tournant des scènes burlesques qui doivent être projetées en prologue et en entracte. Ce programme est à l’origine de Too Much Johnson.
Tourné à New York durant l’été 1938, Too Much Johnson préfigure le parcours du combattant que sera la carrière d’Orson Welles malgré son grand succès d’estime. Les démêlés financiers avec Paramount, la postproduction chaotique qui l’amènera à interrompre le montage, les complications rocambolesques au tournage, apparaissent comme un modèle réduit de la voie semée d’embuches qui attend le jeune réalisateur.
Le film est enfin le tout premier rôle au cinéma de Joseph Cotten, interprète légendaire qui deviendra par la suite un des acteurs fétiches d’Orson Welles, et collaborera également plusieurs fois avec Alfred Hitchcock (L’Ombre d’un doute). Ne reste plus qu’à savoir dans quelle mesure Too Much Johnson sera visible après ces premières en Italie et aux États Unis.
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