Alex Lutz sans “Catherine et Liliane” signe un premier film audacieux mais bancal.
Tendance lourde du cinéma industriel français de ces dix dernières années, le film d’humoristes-vus-à-la-télé repose toujours sur les mêmes fondations précaires : une transposition littérale de quelques sketches au format long, un scénario prétexte, des personnages secondaires décoratifs…
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Le Talent de mes amis, premier film du comique Alex Lutz, échappe en partie à la règle. Plutôt que de reprendre la formule de “Catherine et Liliane”, sa fameuse shortcom diffusée dans Le Petit Journal de Canal+, l’acteur-réalisateur délaisse ses travestissements et perruques au profit d’une mélancomédie réaliste, qui fait le portrait de deux potes employés de bureau paumés en pleine middle life crisis.
Privilégiant le temps long à l’efficacité clinquante, l’humour en sourdine au concours de vannes, il rejette les pires conventions du cinéma populaire français et vise un idéal de comédie sensible façon Judd Apatow. Le geste est audacieux, assez séduisant, mais il s’essouffle vite tant le film semble incapable de définir ses enjeux, multipliant les lignes de fuite à la faveur de rebondissements scénaristiques forcés.
Romance, buddy-movie, fable fantaisiste d’un doux rêveur, tableau naturaliste et quasi houellebecquien d’une France tristement banale, Le Talent de mes amis ressemble à un drôle de corps désarticulé, relevé par endroits de quelques traits d’écriture inspirés. Il frappe surtout par la pauvreté de sa mise en scène, qui tente d’échapper à l’ordinaire fonctionnel de la télé en recourant à des artifices ringards, ultra-publicitaires : ici une phase musicale impromptue, là un time-lapse ou encore une séquence de SF à la Terry Gilliam pour figurer l’ennui de la vie de bureau. Une autre forme de travestissement, en somme.
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