La vie de différents quartiers d’Alger observée par ses toits-terrasses.
Le succès de Chouchou (avec Gad Elmaleh, 2003) cache un peu la forêt de la filmo de Merzak Allouache, plus intimiste et politique que
cette comédie grand public. Les Terrasses est exemplaire de la veine auteuriste et sociale de ce cinéaste algérien chevronné. Ce nouveau film se déroule entièrement sur cinq toits-terrasses d’Alger situés
dans cinq quartiers (Belcourt, la Casbah, Bab El Oued, Notre-Dame d’Afrique et Télemly), où les histoires de personnages emblématiques s’enchevêtrent : une mère paupérisée et sa fille, un groupe de jeunes musiciens, des hommes d’affaires mafieux, un imam qui s’intéresse aux jeunes filles sous leur burka, une femme battue par son mari…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ces terrasses sont des lieux à la fois concrets, dominant la baie d’Alger magnifiée par Allouache et son chef-op, et allégoriques, refuges du peuple qui souffre plus bas, au niveau du sol et des réalités quotidiennes – un peu comme le toit du HLM portoricain dans West Side Story. Car la douzaine de protagonistes peuplant ces terrasses sont aussi un échantillon choral à la Altman du peuple algérois et algérien, incarnant les problèmes qui minent ce pays : la corruption politico-affairiste, la montée de l’intégrisme, le machisme, le manque de liberté, la précarisation, les classes moyennes et intellectuelles laminées…
Si les protagonistes menacent parfois d’être plus des symboles que de vrais personnages fouillés, Allouache parvient néanmoins à parler de son pays à travers des situations quotidiennes, mélange adroitement les genres de la comédie au drame, tout en dressant un portrait singulier d’Alger à travers ces terrasses suspendues telles les jardins de Babylone, entre ciel et terre, entre réalité étouffante et ouverture vers l’espoir.
{"type":"Banniere-Basse"}