La guerre à l’ère des drones : un sujet de cinéma immense réduit en un pensum lourdaud.
La guerre, c’est entendu, est désormais propre. Menée par quelques cols blancs de l’uniforme kaki, elle ne tue plus que des terroristes, des vrais : profilés dans les bureaux cliniques de Washington, ciblés depuis des silos climatisés du Nevada, exécutés par des drones à dix mille pieds du sol afghan, irakien ou yéménite. Clair, net, précis. En est-on bien sûr ?
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C’est la question que pose Andrew Niccol dans Good Kill, qui imagine
la vie quotidienne d’un de ces pilotes virtuels de l’US Air Force, massacrant le jour en appuyant sur un joystick, aidant le soir son fils à résoudre ses problèmes de maths. Il y a là, à n’en pas douter, un immense sujet de cinéma – pour un film hélas riquiqui.
De Bienvenue à Gattaca (qui demeure son meilleur film) au très raté Time out, en passant par les balourds S1møne et Lord of War, Niccol s’est toujours confronté à de grands sujets anthropologiques (c’est tout à son honneur), mais davantage en scénariste appliqué qu’en cinéaste inspiré. Domine l’impression, en voyant ses films, et ce dernier tout particulièrement, d’assister à des exposés quelque peu laborieux et démonstratifs, sertis de rares moments captivants. En l’occurrence, la seule véritable idée du cinéaste est de tracer un parallélisme topographique entre les déserts survolés par Ethan Hawke (plutôt bon) et celui où il vit et travaille. Comme si les pixels débordaient de l’écran et finissaient par tout envahir, des cahutes de Kandahar aux maisonnettes factices de Las Vegas.
Mais entre des dialogues ultra appuyés – qui donnent lieu à de risibles conversations pseudo-philosophiques entre soldats – et une intrigue glissant vers l’abjection lorsqu’elle se risque à absoudre un bourreau (sur le point, en outre, de commettre un adultère, crime suprême) par l’assassinat d’un autre bourreau (violeur celui-ci) à 15 000 km de là, Good Kill finit par laisser un sale goût en bouche.
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