Deuxième opus de la saga au casting dingue. Malgré le risque de la surenchère, de beaux moments d’inspiration.
« Tu auras peur”, prévenait Yoda dans L’empire contre-attaque. Comme dans toute bonne suite (The Dark Knight, Le Parrain 2, Babe 2
– Le cochon dans la ville), Avengers – L’ère d’Ultron met à mal ses héros,
ouvre plaies et doutes. Par crainte de ne pas être à la hauteur pour sauver
le monde tous les jours, Tony Stark/Iron Man crée Ultron, une intelligence artificielle chargée de faire le gendarme global. Le rejeton se rebelle
et décide de détruire l’humanité pour mieux régler ses problèmes.
La trouille, c’est aussi celle perceptible de Josh Whedon et du studio Marvel de faire moins bien après le carton milliardaire Avengers.
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Les mots “optimisé” et “évolution” rythment régulièrement L’Ere d’Ultron, d’où l’impression de voir le film se mettre à jour en continu : plus de personnages, de péripéties et d’autoémulation, jusqu’au trop-plein.
La peur du vide. Whedon voudrait tout améliorer : une certaine scène d’action du premier Avengers en plan-séquence (au point de la déréaliser en jeu vidéo), une autre vue dans Captain America – Le soldat de l’hiver
(qu’il n’a pas réalisé), ou les scènes de destruction urbaine massive des concurrents Transformers et Man of Steel (avec plus de conséquences
pour les civils).
Le combat du siècle Iron Man vs Hulk ? Check
Le spectateur lambda pourrait avoir l’impression de regarder une barre
de téléchargement faite film, mais les fans de la franchise seront conquis : L’Ere d’Ultron est objectivement meilleur que le précédent lorsque cette boulimie se fait généreuse pour le spectateur et ses acteurs. Le combat
du siècle Iron Man vs Hulk ? Check. Un rôle plus consistant pour Jeremy Renner, pantin ronchon dans Avengers ? Oui. Julie Delpy en surprise ? Pareil.
Whedon est toujours (et surtout) à l’aise entre les bastons quand il faut donner de l’épaisseur à ses personnages de papier. Ils font la fête, se disputent, se prennent la tête mais sans les extrêmes christophernolaniens. Quand il s’agit de souligner leur condition de freak inadapté – que l’on soit
un survivant des années 40 comme Captain America ou un type avec juste un arc au milieu de demi-dieux comme Œil-de-Faucon –, le film fait beaucoup plus mouche que les X-Men, pourtant tarte à la crème du droit à la différence : cela culmine dans la romance bienvenue entre le monstre Hulk et la tueuse Black Widow, belle et bête échangeant constamment leurs rôles.
Iron Man et Captain America vont-ils devenir des vieux cons ?
Mark Ruffalo et Scarlett Johansson créent une bulle bienvenue dans cet océan de testostérone. Si vous ne l’aviez pas compris, le film le rappelle à longueur de clins d’œil. L’auto-ironie whedonienne peut parfois lasser (la réplique, entendue trois fois, “Tu ne l’avais pas vu venir ?” pourrait servir d’épitaphe à ce pourvoyeur de twists) mais elle fait souvent merveille quand elle aborde sans l’air d’y toucher l’avenir des films Marvel eux-mêmes
(et du genre) : trop de (films de) superhéros ? Iron Man voudrait que tout le monde prenne des vacances. Iron Man et Captain America sont-ils en danger de devenir des vieux cons, l’un trop arrogant, l’autre bouffi de principes ? Une nouvelle génération de superhéros, plus jeune, plus mixte, est en passe de prendre la relève et de poser des questions.
Et dans L’Ere d’Ultron, ces enfants terribles éclipsent souvent les aînés : Ultron d’abord (vocalisé à merveille par James Spader, genre ado surdoué qui croit avoir tout compris à la vie), la Sorcière Rouge Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen, un peu en retrait mais mémorable en furie façon lycéenne gothique) et surtout La Vision, beau monstre de Frankenstein tout aussi fort qu’innocent. Comme leurs collègues de l’univers whedonien, à la fois punk et responsables, de Buffy (dont Josh Whedon est le créateur) à La Cabane dans les bois, ils ont l’énergie bouillonnante pour sauver et détruire l’univers, mais savent (à peu près) tirer des leçons. Avengers : l’âge de raison.
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