Une comédie policière complètement ratée avec un Johnny Depp dont le cabotinage confine au ridicule.
Adaptation d’une série littéraire mettant en scène un dandy anglais du nom de Charlie Mortdecai, ce nouveau Johnny Depp show est sans-doute le plus navrant de tous. Nous ne l’avions pourtant pas vu venir. Réalisé par David Koepp, excellent scénariste pour Steven Spielberg (Jurassic Park, La Guerre des Mondes), Brian De Palma (Snake Eyes, L’Impasse) ou David Fincher (Panic Room), et doté d’un casting poids lourds avec Gwyneth Paltrow et Ewan McGregor, cette comédie policière « à l’anglaise » aurait pu tenir ses promesses.
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C’était sans compter l’interprétation de Johnny Depp qui écrase le film et finit par le noyer sous les sourires en coin, les grognements et autres oeillades appuyées. Une narration cousue de fils blancs et la navrante version américaine de l’humour anglais achèvent de nous tirer vers le fond. Mais une fois que nos pieds ont foulé l’abîme du ridicule, on ne peut s’empêcher de se demander : qu’est-il arrivé à Johnny Depp pour qu’il soit à ce point ivre de sa propre caricature ?
Tout a commencé en 2003 quand il incarne pour la première fois son personnage de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes. Deux ans plus tard, dans Charlie et le chocolaterie, certains remarquent des similitudes entre Jack Sparrow et Willy Wonka mais on ne s’alarme pas encore. Après tout, ce sont tout deux des personnages d’excentriques. En 2006, Johnny Depp subit une piqûre de rappel avec le second Pirates des Caraïbes. Son film suivant, Sweeney Todd, qui raconte l’histoire d’un pantin outré qui se substitue à un homme « normal », est une mise en oeuvre du processus de transformation qui s’opère chez l’acteur. Les troisième et quatrième épisodes de Pirates des Caraïbes n’arrangent évidement rien à cette vampirisation, au contraire.
Par la suite, que ce soit de manière évidente (Alice aux pays des merveilles, L’Imaginarium du Docteur Parnassus, Dark Shadows ou Lone Ranger) ou de manière plus subtile (The Tourist ou Rhum Express), Mister Jack ne quittera plus Docteur Johnny.
Charlie Mortdecai est la plus frappante illustration de cette possession. Jack Sparrow s’y pavane au grand jour, poussant son personnage jusqu’au pathétique. On se sent presque gêné en assistant à ses gesticulations. Et si le personnage de Jack désirait la déchéance de Johnny en tant qu’acteur ? Au regard des résultats au box-office très mitigés des quatre derniers films où Johnny Depp tient un rôle principal (Transcendance, Lone Ranger, Dark Shadows et Rhum Express), on pourrait penser que le pirate s’est lancé dans une entreprise de sabordage du succès des films de l’acteur.
Johnny Depp est une victime, victime d’une franchise qui, inlassablement et insidieusement, a fini par le posséder, le condamnant à ne connaître le succès qu’à travers ses multiples épisodes, dont le cinquième est déjà prévu pour 2017. Si l’exorcisme semble maintenant inévitable, on espère qu’il n’est pas trop tard pour dire : Jack, sors de ce corps !
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