Miyazaki parti, le studio Ghibli s’occidentalise.
Je n’ai pas l’intention de changer le monde en un seul film, comme pourrait le faire Miyazaki-san”, déclare Hiromasa Yonebayashi. Constat d’échec ou pragmatisme ? Toujours est-il que Yonebayashi, adoubé par le maître, qui chapeauta son premier film, Arrietty – Le petit monde des chapardeurs, se consacre au sentimentalisme et à l’imagerie (rétro) occidentale. L’important n’est pas que le matériau de départ soit un “classique anglais de la littérature pour enfants” (When Marnie Was There), mais que le cinéaste ne l’ait pas nipponisé comme Miyazaki le faisait avec des fables occidentales (dont Arrietty).
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Cette histoire de petite fille à la campagne débute comme nombre d’anime japonais, dans un cadre familier et quotidien, puis bifurque du côté des fables européennes : l’héroïne rencontre un fantôme, blondinette à la Disney (Cendrillon ou Belle au bois dormant) qui vit dans un manoir théoriquement abandonné. Mélo néogothique évaporé et édulcoré à la Enid Blyton (Le Club des Cinq, Le Clan des Sept). Cependant, les sempiternels clichés romantiques, les conventions narratives, sont transcendés par la forme, par l’impeccable ligne claire Ghibli, qui transforme des atomes de lumière en feux scintillants, la nature en sublime épiphanie.
En cherchant bien, on trouvera mille correspondances avec l’œuvre de Miyazaki et consorts, mais on aurait préféré qu’elles ne soient pas enfouies sous une gangue de vieux bonbon XIXe siècle ; nostalgie d’un Occident poussiéreux auquel la furia animiste de Miyazaki avait mis une bonne claque. Le studio Ghibli se disneyise-t-il ? On espère que non.
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