Entre social et intime, un premier film un peu trop attendu sur un sujet inattendu : l’immigration du sous-continent indien.
Ces derniers mois, Bébé tigre avait bénéficié d’un certain succès sur
la route des festivals. On eût pu bien sûr le mettre au crédit de son acteur, Harmandeep Palminder, garçon entre deux âges au jeu sobre et tenace. Ou alors de son réalisme social bien cuisiné, parsemé d’action, à l’aise dans les engrenages du récit. Choses bien vraies, pour ce premier film où tout roule en effet plutôt bien, mais il serait plus honnête de reconnaître que son véritable atout est, tout simplement, sa thématique inédite dans le cinéma français : l’immigration indienne. De mémoire, l’avait-on déjà filmée ?
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Des immigrés, on en a vu, mais Many, jeune Pendjabi de 17 ans, diffère sensiblement du modèle nord-africain mieux connu. Il est seul, et un peu trop jeune pour l’être (famille d’accueil, lycée et communauté sikh le tirent tous vers un épanouissement différent) ; il est pris dans une mafia, entre les passeurs et les boulots clandestins ; il a besoin de réussir scolairement pour décrocher la nationalité, qu’aucun droit du sol ni du sang ne pourra lui valoir.
Cyprien Vial a mûri Bébé tigre comme on mûrit un documentaire : il a voulu approfondir à la caméra la découverte d’un fragment de réel (la rencontre d’un jeune immigré bangladais). Il a eu le réflexe de la fiction, mais cela ne change rien au fait qu’on est essentiellement pris dans son film par une soif d’information. Il a été conçu ainsi : les élans narratifs n’y ont pas d’autre but que de nous servir sur un plateau l’entière vision du fait social.
L’exposé est sans défaut mais on ne peut s’empêcher d’y trouver, outre une ambition un poil trop humble, la répétition affadie d’un modèle de premier film français mi-social, mi-intime, dont la boussole est restée bloquée sur quelques débuts fulgurants (Zlotowski, Sciamma), et qu’on aimerait bien voir emprunter de nouveaux chemins.
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