Portraits d’acteurs de la génération Y.
Cyndi Barbero, dite Yatuu auteur de BD / illustratrice
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Trimballée de stage en stage dans des agences de pub sans jamais décrocher de contrat de travail, Cyndi Barbero a fini par ouvrir un blog. Début 2010, sous le pseudo de Yatuu, la jeune fille timide se mue en personnage de manga révolté qui dénonce avec humour la généralisation des stages en entreprise. “Ce blog a été une sorte d’exutoire”, sourit Cyndi. En juin 2011, elle sort son premier album intitulé Moi, 20 ans, diplômée, motivée… exploitée ! (Editions 12 bis), qui s’écoule à plus de 10 000 exemplaires. Depuis, Cyndi dessine en free-lance pour de grosses entreprises et prépare un deuxième album consacré au logement. Une oeuvre d’intérêt public selon Julien Bayou, fondateur de Génération précaire et de Jeudi noir. “Je crois que j’aime tourner les injustices en dérision”, admet Cyndi. D. D.
Djinn Carrénard réalisateur
C’était il y a environ trois ans : avec une bande de potes, Djinn Carrénard, 31 ans, lance via le net le projet Donoma. En gros, une idée de film, un réalisateur, des acteurs mais pas forcément de thunes. Avec une mise de 150 euros et l’aide des internautes, Carrénard et son équipe pondent une petite merveille qui ne cesse de tourner dans les festivals et vient de remporter le prix Louis-Delluc du premier film. “Je me souviens de la première fois où je me suis connecté à internet, c’était en Guyane où je vivais avec mes parents. J’ai été voir les paroles du Wu-Tang, raconte Djinn. Pour moi, le web, c’est un outil né pour que l’ordre naturel des choses puisse être respecté, pour qu’on puisse enfin prendre les manettes. Un peu comme dans la jungle”, plaisante-t-il. Djinn Carrénard rêve d’un cinéma français qui ne soit pas “spectateur de celui des aînés et qui quitte les références de papa pour entrer dans quelque chose de plus iconoclaste”. Nouvelle vague 2.0 ? P. S.
Vincent Glad journaliste / chercheur / twittos
Dans la famille Glad, le petit frère bidouille l’ordi pendant que Vincent drague ses premières meufs sur Caramail. Après un moment de gloire scolaire, il passe en terminale “du côté branleur de la force”. Le jeune Glad veut faire journaliste, entre à l’ESJ, fait un stage aux Inrocks et crée un blog de musique. Le webjournalisme balbutie. A sa sortie de l’école, il signe un premier article remarqué sur les suricates dans Télé 2 semaines. En 2007, Johan Hufnagel le recrute à 20minutes.fr : “Dégaine de glandeur, chemises à carreaux et jeans achetés le matin même chez American Apparel, mais comme tout bon journaliste web, il ne déconnecte jamais”, raconte son rédac chef. Vincent le suivra à Slate.fr où il dégote le vrai nom de Zahia et devient spécialiste ès plagiat en affichant Houellebecq, Frédéric Lefebvre et Rama Yade. L’animal tweete une fois par heure. Vincent approfondit son savoir de la culture web en master de socio à l’EHESS et sur son blog Les Internets. Son but ? “Ecrire un livre.” Pas pour 2012 puisqu’il est cinq soirs par semaine au Grand Journal. “J’aurais mis quinze ans à y aller si j’avais fait option télé à l’ESJ. Grâce au web, le rapport de force générationnel s’est inversé, on a beaucoup de chance.” A. L.
Stephen des Aulnois rédacteur en chef du Tag Parfait
“J’ai eu internet à 13 ans, je suis hyper à l’aise avec ça. Parfois plus sur internet que dans la vraie vie, d’ailleurs”, explique Stephen des Aulnois, 28 ans, boss du Tag Parfait. C’est un blog de cul jeune, cool et intelligent où se massent les représentants les plus chauds des Y. “85 % des gens qui viennent nous voir ont entre 18 et 30 ans”, note des Aulnois – dit Desgonzo sur Twitter, qu’il arrose presque toute la journée. “On cherche à comprendre qui sont les gens de notre génération à travers le prisme du sexe.” Stephen ne vit pas encore du Tag mais ce dernier lui a permis de récupérer des “plans à côté” : des piges ou un autre blog sur Yahoo!. Le concept Y, “avec le casque du baladeur autour du cou”, Desgonzo trouve ça “un peu con”. “Mais c’est vrai que notre génération qui a grandi avec le web est en train de prendre le taf de tout le monde”, conclut-il. P. S.
Aude Sarkamari digital PR publishing manager / web reporter
Hyper connectée, cette Franco-Iranienne de 25 ans passée par l’école de com du Celsa est l’une des figures de proue du collectif From Paris, lancé au début de l’année 2010. Pour celui-ci, Aude a réalisé plus d’une centaine d’interviews dont celles de Cassius ou John Legend. Auparavant, elle avait joué les rédactrices bénévoles pour le site Minute Buzz et tenu une chronique actu sur la web radio Goom. Aujourd’hui, la jeune fille, du genre à manier le franglais, occupe le poste de digital PR publishing manager chez Cake Paris, une agence du groupe Havas (en français dans le texte : elle réfléchit à la déclinaison digitale des grosses entreprises). Plutôt décomplexée, Aude estime que “sa présence en ligne lui ouvre pas mal de portes”. Lors du fastueux défilé Etam, début 2012, c’est elle qui assurait la présentation du show depuis les coulisses. D. D.
Abdel Bounane fondateur d’Amusement / agitateur numérique
Ado, Abdel passe plus de temps sur ses jeux vidéo qu’à draguer les filles. En 1994, sa première fois avec le net balbutiant est un coup de foudre. “J’étais formé quand le net a explosé en 2001.” Pour faire plaisir à ses parents, il fera une maîtrise de droit international privé qu’il double d’une école d’info com. Abdel hésite à apprendre le japonais pour les jeux non traduits. Il entre chez PlayStation pour trois ans. Son savoir-faire est ultravalorisé. “J’avais 22 ans, je me suis épanoui.” Parallèlement, il tient une chronique jeux vidéo sur France Culture et avec ses économies monte en 2008 Amusement, premier mag lifestyle sur le numérique. Au cas où il s’ennuierait, il est à 29 ans chroniqueur pour La Matinale de Canal+, pigiste pour GQ, et anime Galerie Store, un lieu dédié à la culture numérique à Bruxelles, et le creative-store Amusement à La Gaîté Lyrique. Il vient de lancer le premier service de création de jeux vidéo sur mesure et prépare une expo de GIF animés originaux. “Mon but ? Mettre en oeuvre un marché d’art numérique.” A. L.
Juan Branco membre de l’équipe de campagne de François Hollande
A 22 ans, Juan Branco est directeur du cabinet d’Aurélie Filippetti, qui dirige le pôle culture, médias, audiovisuel de la campagne de François Hollande. “Je m’occupe de tout ce qui est numérique, industries culturelles et audiovisuel. Je l’aide à prendre des décisions sur ce que l’on ferait si on arrivait au gouvernement demain : faut-il faire une réforme de France Télévisions ? Est-ce que l’on abroge Hadopi ou non ?” Hadopi, Juan Branco connaît bien : l’an passé, il a publié un court opus punchy, Réponses à Hadopi – Suivi d’un entretien avec Jean-Luc Godard (Editions Capricci), sur la question des droits d’auteur (Godard disait en gros de ces derniers qu’ils avaient surtout des “devoirs”, meilleure punchline de 2011). “C’est vrai que j’ai sauté les hiérarchies, et c’est certainement lié au sujet numérique. Mais c’est peut-être un des seuls sujets qui permette aujourd’hui d’aller aussi vite”, explique ce diplômé de Sciences-Po et de Normale sup, qui a travaillé pendant deux ans à la Cour pénale internationale de La Haye. P. S.
Brodinski DJ / producteur
Repéré dans le sillage du blog Fluokids au milieu des années 2000, ce Rémois de 24 ans est aujourd’hui un des jeunes cadors de l’electro mondiale. Des sets dans le monde entier, des prods qui passent dans les soirées les plus cool, des collaborations avec le Shoes Guillaume Brière (sous le nom de Gucci Vump), des sons pour Shakira. “J’ai tout appris grâce à internet. Je ne regarde plus la télé, je ne vais presque jamais au cinéma, je n’achète pas de disques, je fais tout ça avec mon ordi.” Le monde, Brodinski l’a tout de suite vu en grand grâce au numérique. “Les mecs de notre génération n’ont pas eu besoin de passer par les moyens de communication classiques. Notre promo, nous la faisons nous-mêmes, et dans le monde entier. L’exemple type, c’est Woodkid, qui s’occupe de sa musique et de ses vidéos en même temps. Il vend le package.” P. S.
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