Bonne pioche : un drame simple qui a le don de mêler insidieusement trouble amoureux et suspense policier.
Qui a dit que les films “du milieu” se raréfiaient en France ? (Pascale Ferran). Ou bien c’était un contresens, ou bien il y a du progrès : ils constituent désormais l’épine dorsale de notre cinéma national. Celui de Serge Frydman en est un excellent exemple : un film de qualité, comme on disait autrefois, sans casting ronflant, ni moyens faramineux…Sujet au diapason : le drame ordinaire d’une famille endettée (on pense pas mal au mélo de Cédric Kahn Une vie meilleure avec, comme ici, Leïla Bekhti).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et pourtant, malgré son évidente modestie, sa facture passe-partout, ce petit film légèrement tiré par les cheveux a quelque chose de miraculeux. Il parvient comme jamais à estomper la frontière entre deux genres très codés – en l’occurrence le polar et le drame romantique –, voire à les imbriquer de façon excitante. Serge Frydman, cinéaste peu prolifique (c’est sa deuxième réalisation en dix ans), qui a essentiellement œuvré comme scénariste (notamment pour Patrice Leconte, hum), met en évidence mieux que quiconque l’aspect sexuellement émoustillant du vol (en l’occurrence un braquage de banque), tout en éludant quasiment les scènes d’action.Il exprime idéalement le trouble sensoriel qui surgit insidieusement entre une mère de famille aux abois et le voleur de son sac à main, lorsqu’ils s’embarquent ensemble dans un braquage.
En jouant constamment sur l’incertitude entre les registres (peur de se faire prendre et attraction sexuelle), le film marque des points. On aurait rêvé d’un cinéaste à l’américaine plus virtuose et styliste (comme Gray, Scorsese ou Mann), mais on ne boudera pas son plaisir devant cette joute romantique portée par des comédiens vibrants comme Leïla Bekhti et Nicolas Duvauchelle.
{"type":"Banniere-Basse"}