Un feel-good movie autobiographique par l’acteur réalisateur Zach Braff qui illustre les limites d’un certain ciné indé trop formaté.
Dix ans après son premier long en tant que réalisateur, le peu mémorable Garden State, et quatre ans après l’interruption de sa série vaguement culte Scrubs, Zach Braff revient aux affaires par la marge, avec un nouveau film financé via une campagne de crowdfunding, Wish I Was Here. Un petit objet indé dont le titre français – Le Rôle de ma vie – traduit clairement les accents autobiographiques : soit l’histoire d’un acteur un peu loser (Braff lui-même), sommé à l’approche de la quarantaine de faire son bilan existentiel, entre une carrière à la peine, de vieilles rancœurs familiales et une crise mystique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
D’une révélation à l’autre, le cinéaste mène son récit sur le fil ténu de la comédie dépressive easy-viewing calibrée pour Sundance, oscillant entre petites vannes et grandes effusions de larmes, sourires mielleux et regards graves, le tout selon un dosage assez calculateur. Il y a pourtant quelques charmes dans ce feel-good movie inoffensif, à commencer par son portrait caustique d’un folklore juif orthodoxe, évoquant une sorte de relecture anecdotique des frères Coen, son imagerie parallèle de science-fiction bricolée ou encore son traitement égalitaire de tous les personnages, notamment féminins.
Et puis il y a Zach Braff, qui, à la faveur d’une parodie faussement ingrate de lui-même, s’inscrit avec un certain talent burlesque dans la famille des héros maso peuplant la comédie américaine, façon Steve Carell – la folie en moins. Mais l’humour n’est malheureusement pas le premier souci de l’acteur-réalisateur, qui lui préfère la grande forme du drame édifiant, au risque de l’emphase.
Accumulant les scènes de mélo à l’intensité très fabriquée, il poursuit crescendo son chantage à l’émotion, jusqu’à l’inévitable leçon de vie normative assénée au chevet d’un père mourant. C’est ici la limite traditionnelle du cinéma indé américain hyper formaté, celui dont Little Miss Sunshine incarne le modèle absolu, qui préférera toujours la joliesse à l’âpreté, les bons sentiments aux conflits.
{"type":"Banniere-Basse"}