Sortie en salle et en DVD des films d’un grand avant-gardiste du cinéma français des années 20.
Jean Epstein fut sans doute la figure la plus importante et perspicace de l’avant-garde française du cinéma des années 20, aux côtés d’Abel Gance et de Marcel L’Herbier.
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Ses films les plus célèbres : La Chute de la maison Usher, Mauprat, La Glace à trois faces. L’important, chez Epstein, c’est qu’il croit en la force d’évocation du cinéma, à son pouvoir expressif qui ne nécessiterait pas, selon lui, d’avoir recours à des artifices – tels que le récit – hérités du roman et du théâtre. Dans Bonjour cinéma, en 1921, il écrit dans un bel élan lyrique : “Sans histoire, sans hygiène, sans pédagogie, raconte, cinéma-merveille, l’homme miette par miette. Uniquement ça et tout le reste tu t’en fiches…”
Ses films sont évidemment dans cette lignée : envoûtants, mystiques, attentifs au moindre remous de la nature, mais sans excès. Epstein a l’avant-gardisme et le baroquisme sobres. Il ne fait pas dans le grand-guignol, encore moins dans le trucage grandiloquent. Il n’éprouve aucune fascination pour les effets lumineux du cinéma, qu’expérimentent de leur côté Germaine Dulac ou Man Ray. Il demeure en son fond quelque chose de réaliste.
Son cinéma respecte l’origine technologique du cinéma, l’ontologie de l’image photo ou cinématographique (comme le formulera plus tard André Bazin). Il a chopé avant tout le monde l’essence même du cinéma, celle qui l’irrigue encore aujourd’hui.
Reste qu’il restera sourd, fidèle à lui-même et à ses positions esthétiques, à l’appel des mouvements artistiques les plus remuants de son époque, attitude dont une anecdote croquignolette témoigne.
C’est Epstein, en effet, qui fait débuter un jeune étudiant espagnol dans le cinéma, sur Mauprat, comme stagiaire-homme à tout faire, puis comme second assistant sur La Chute de la maison Usher. Un jour, parce que ce jeune homme a tenu des propos insolents sur Abel Gance, Epstein le vire, mais le raccompagne en voiture à Paris. Il lui glisse : “Méfiez-vous. Je sens en vous des tendances surréalistes. Eloignez-vous de ces gens-là.” Ce jeune homme s’appelait Luis Buñuel.
En salle : Le Tempestaire et La Chute de la maison Usher.
En DVD : Un coffret collector déclinable en trois petits coffrets : Chez Albatros (1924-1925), Première vague (1926-1928), Poèmes bretons (1928-1948), Potemkine, environ 100 € ou 40 €
A lire : Ecrits complets de Jean Epstein en neuf volumes (éditions Independancia),18 € chaque tome (avec de belles introductions de Natacha Thiéry)
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