Où est le réel ? Une fois encore, le réalisateur de Shokuzai livre un film borgésien, beau et cohérent.
Une jeune dessinatrice de mangas, Atsumi, est plongée dans le coma suite à une tentative de suicide. Koichi, son amoureux, lui rend souvent visite. Il ne comprend pas pourquoi elle a commis cet acte.
Or, des scientifiques ont mis au point une machine qui permet de pénétrer le monde intérieur des individus. Afin de tenter de ramener Atsumi à la vie, Koichi accepte de se soumettre à cette nouvelle technologie. Mais il n’est pas au bout de ses surprises. Qui vit dans le rêve, qui vit dans le réel ? Koichi va peu à peu avancer vers la vérité, qui n’est pas tout à fait celle qu’il avait imaginée, bien sûr.
Avec une économie de moyens évidente (des décors et des accessoires vraiment minimaux), Kiyoshi Kurosawa parvient à nous entraîner dans un monde proche de la science-fiction tout à fait crédible.
Comme dans Shokuzai, son film précédent (très beau), où il nous montrait la même scène de crime vue sous des angles différents car racontée par plusieurs témoins, il joue constamment du montage et du découpage pour créer des rimes dans le récit, édifier un système de symétries pareil à un miroir, qui va petit à petit amener le spectateur à s’interroger sur la véracité de ce qu’il voit.
Dans ce jeu très borgésien, où le renversement des situations s’accompagne d’une inversion des personnages, les personnalités vacillent tandis que le décor urbain japonais contemporain, droit, bétonné, semble ne jamais pouvoir vaciller, malgré les tremblements qui agitent les êtres humains et leurs identités. C’est très beau, conceptuel, intelligent, très cohérent, comme tous les films de Kiyoshi Kurosawa.