Entre Papa Schultz et Ocean’s Eleven, un navet signé Clooney.
Qu’est-ce qui fait courir George Clooney ? Après les 70’s de Confessions d’un homme dangereux (showbiz et espionnage), les 50’s de Good Night, and Good Luck (showbiz et liberté), les 20’s de Jeux de dupes (showbiz et sport) et les 00’s des Marches du pouvoir (showbiz et politique), il plonge avec Monuments Men dans les 40’s. Et signe son plus mauvais film.
De l’histoire vraie d’un commando de conservateurs lancés à la poursuite d’œuvres d’art volées par les nazis, il tire un vague remake d’Ocean’s Eleven, où Goering aurait remplacé Andy Garcia, et dans lequel une poignée de troufions-stars en goguette se baladerait derrière les lignes ennemies pour y sauver les trésors de la civilisation occidentale – showbiz et muséologie, en somme.
Le ton badin adopté dans les premières scènes (pourquoi pas) vire rapidement au je-m’en-foutisme le plus complet. D’une rare indigence scénaristique à ce niveau de l’industrie (à se demander comment ce film a pu avoir le feu vert du studio), filmé avec une apparente décontraction qui masque surtout une vraie mollesse, lardé d’idées grotesques (quelle mouche a piqué Cate Blanchett pour qu’elle se croie capable de jouer une Française sans accent ?), Monuments Men se rabougrit à vue d’œil.
Il y avait pourtant là une belle intention, la même qui court dans tous les films de Clooney (et que l’acteur-cinéaste déploie personnellement de tapis rouges en publicités caféinées) : un éloge de l’amateurisme. Celui de faux soldats sur le champ de bataille, celui de passionnés prêts à sacrifier leur vie pour l’amour de l’art. Sauf que l’amateurisme ne souffre pas l’imprécision, la fadeur, la nonchalance. Il exige au contraire de la rigueur, et un soubassement plus fort que l’idéalisme bon teint dont se pare George Clooney.