Pas si inoffensif qu’il en a l’air, un film qui brasse avec adresse les motifs de la culture pop, et casse quand même quelques briques.
On ne saurait trop conseiller d’aller voir La Grande Aventure Lego dans sa version originale, tant la VF vient saper en grande partie la coolitude d’un film plus adulte qu’il n’y paraît.
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Le “film Lego” – pour reprendre le non-titre original The Lego Movie, qui assume ironiquement sa qualité de pur objet, voire de jouet – hérite en effet d’un certain esprit Adult Swim, la chaîne US de dessins animés pour grandes personnes, née dans la programmation nocturne de Cartoon Network : rythme hystérique, enfilement de parodies pop dans la veine Robot Chicken, contraste malicieux entre une plastique très infantile et un traitement bien plus vachard – schématiquement, faire dire des insanités à des nounours.
Emmet, employé modèle mais esseulé des grands chantiers de la ville Lego, lobotomisé par le matraquage TV (la chanson Tout est super génial, la sitcom mono-blague Où sont mes pantalons ?), est embarqué malgré lui dans la révolte montante qui s’organise contre l’empire de Lord Business.
Le thème est connu : la révolution sociale, la dissolution d’une société qui cache de moins en moins bien son totalitarisme, l’éveil des consciences sont paradoxalement intégrés dans un folklore mainstream depuis que les grands auteurs de blockbusters subversifs sont passés par là. Lego, ce n’est bien sûr pas du Paul Verhoeven, même si la première surprise du film est une séquence hilarante de brainwashing généralisé : la journée normale d’un Lego moyen, suite terrifiante de faux-semblants shootés à l’euphorie collective, en forme de Brazil familial.
La qualité comique du film réside surtout dans sa fugue pop d’un univers Lego à un autre (le western, la veine girly, et surtout toutes les figurines dérivées, de Batman à Gandalf) : Lego est un vrai coffre à jouets, parsemé d’“Easter eggs” (des “œufs de Pâques”, c’est-à-dire des surprises cachées dans les détails), et prêt à s’effacer pour laisser un plein espace à tout son arrière-fond parodique.
Paré à faire l’objet d’un petit culte, le film s’offre même un finale en forme d’enfance transmise, pas loin d’évoquer le bouleversant Toy Story 3 – rien que ça.
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