Un joli film de poche, drôle et inquiet, qui dresse le portrait d’une génération lose.
Sébastien Betbeder pourrait être l’aîné du nouveau mouvement de cinéastes français qui a éclos ces dernières saisons (Justine Triet, Antonin Peretjatko, Yann Gonzalez…), dont il partage les mêmes goûts et le même sens du do it yourself. Mais un aîné plus discret, peut-être moins hanté par la question d’une rupture générationnelle.
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Depuis plus de dix ans qu’il réalise ses films, courts et longs métrages réunis, on ne lui connaît aucun coup d’éclat, aucune volonté de manifeste. Lui-même le dit et l’assume : son cinéma est celui de la citation ; il décline des références très précises, sans jamais chercher à imposer sa signature.
2 automnes 3 hivers, son dernier opus, pourrait ainsi être un projet collectif. S’y mêlent dans un mash-up réjouissant des clins d’œil à Jacques Demy, Judd Apatow ou Eric Rohmer, constituant la famille éphémère d’un film qui ambitionne de raconter sa génération dans un portrait croisé de quatre trentenaires déphasés, socialement et sentimentalement à la rue.
Suivant un dispositif volontiers artificiel, Sébastien Betbeder alterne les longues séquences de monologues déclamés par ses acteurs face caméra et d’autres scènes en temps réel, glissant des unes aux autres avec une belle légèreté. La parole, inscrite au cœur du projet, s’y fait tour à tour fantaisiste et grave, éruptive et rare, recueillant les émotions fluctuantes de cette jeunesse intranquille, dont le film dresse une sorte de portrait d’humeur, détaché des sociotypes propres aux fictions générationnelles.
Il prend certes le risque de l’anecdotique, et ne fait parfois qu’effleurer son sujet, mais qu’importe : 2 automnes 3 hivers est un film d’époque, fugace, postmoderne, diablement séduisant.
En salle le 25 décembre
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