Libéré au mois de décembre après sept ans de prison en Israël, le franco-palestinien Salah Hamouri a entrepris un tour de France de ses soutiens. Ce mercredi, il passait par Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
Ils le fêtent comme un revenant, un rescapé, un frère prodigue. Dans la salle du conseil municipal de Gennevilliers, plus de deux cents personnes accueillent Salah Hamouri par une standing ovation brodée de quelques youyous. L’imposante façade de la mairie expose son portrait sur une banderole : on croirait assister au retour d’un otage. “Que Dieu te garde!”, lui lance un membre du public depuis sa chaise en plastique.
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Le franco-palestinien de 26 ans a passé sept ans dans les prisons israéliennes. Pour ses soutiens, Salah Hamouri était un prisonnier politique, jugé par un tribunal militaire illégitime, qui a extorqué ses aveux au bout de trois ans de détention administrative en échange d’une réduction de peine. Ses détracteurs s’étranglent de le voir ainsi adulé. Salah Hamouri reste à leurs yeux un terroriste du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) qui projetait d’assassiner le Grand Rabbin d’Israël, comme il l’a confessé en plaidant coupable.
La “tournée française” de Salah Hamouri a agacé au plus haut point le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Richard Prasquier. Dans une tribune, il s’est ému du parallèle souvent dressé entre Salah Hamouri et Gilad Shalit, soldat franco-israélien retenu pendant cinq ans par des groupes palestiniens de lutte armée. Il ne tolère pas la comparaison entre les deux hommes, libérés à deux mois d’intervalle et presque du même âge.
“De nombreux noms célèbres se sont retrouvés dans le Comité de soutien à Salah Hamouri. La charité m’empêche de les citer. Ils se sont crus humanistes en signant. Ils ont surtout montré ainsi, pour ceux d’entre eux qui ne sont pas systématiquement mobilisés par la haine contre Israël, une immense ingénuité, une étonnante négligence et une propension à la confusion morale.”
Rencontre avec Bertrand Delanoë, visite à Saint-Denis, Tremblay, Stains, Bourg-en-Bresse et cette fois-ci Gennevilliers : Salah Hamouri n’est en France que depuis une semaine mais il tient un rythme de candidat à la présidentielle. Dans plusieurs villes tenues par des élus communistes, il a été déclaré citoyen d’honneur, et a déjà gagné son invitation à la prochaine Fête de l’Huma.
Son crâne chauve et son visage taillé à la serpe le font ressembler à un étrange rejeton de Marco Pantani et Anthony Hopkins. De mère française mais vivant à Jérusalem, il prend la parole dans un français timide :
“Je vous remercie de votre accueil. Dans la prison, on a bien senti votre soutien, vous étiez toujours avec nous malgré la distance et la souffrance. Merci au nom des 4 600 prisonniers politiques, mes frères, mes camarades.”
Au micro se relaient le maire de Gennevilliers, l’ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, le président de son comité de soutien, un fondateur de l’Union juive pour la paix. Tout à tour ils dénoncent “l’impunité dont bénéficie l’Etat d’Israël”, appellent au respect des frontières de 1967 et saluent la “dignité” du jeune homme “qui n’a pas un mot de haine après tout ce temps”.
Au milieu de la grand messe de Gennevilliers, Salah Hamouri se fait tout petit. Il n’a plus l’habitude de la lumière. Dans quinze jours, ses plus fervents défenseurs organisent un concert au Cabaret Sauvage pour son 27e anniversaire.
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