Légère, drôle et profonde, cette série imaginée par le créateur de Newport Beach mérite davantage qu’un simple coup d’oeil.
Alors que le monde s’extasie sur les beautés épiques et complexes de chefs-d’oeuvre assumés comme Breaking Bad, les séries plus légères vivotent trop souvent dans l’ombre. Au contraire de la saga sous drogue de Vince Gilligan, il n’y a probablement aucune thèse universitaire en cours d’écriture détaillant les attraits de Chuck. On peut le regretter. Encore moins qu’un autre, l’art des séries ne peut se résumer à son élite. Il sait aussi passionner en dehors des territoires autorisés du bon goût. Chuck semble même avoir été inventée pour ça.
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Durant les cinq années de sa vie enjouée, cette machine narrative subtile et élégante a raconté les aventures d’un employé de grande surface informatique devenu espion malgré lui. Grâce à son sens du devoir et à une histoire d’e-mail confidentiel implanté dans son cerveau (trop longue à expliquer ici), ce Californien mignon mais un peu gauche a réussi à sauver le monde une bonne centaine de fois. Un détail, évidemment, puisque le fond de Chuck est ailleurs.
L’idée forte de la série est d’avoir adjoint à cette grande gigue exaltée une fille beaucoup trop belle pour lui. Un vrai canon. Alors que depuis les années 80, les losers passaient tout un film ou toute une série à conquérir la plus belle fille de la fac ou du lycée, le post-ado éternel de Chuck n’a eu besoin que de quelques épisodes pour ravir le coeur de la blonde. Neuf, exactement, avant que la CIA girl ne l’embrasse fougueusement. Croyant sa dernière heure arrivée à cause d’une bombe, celle-ci s’était autorisé un gros palot avec son partenaire effaré. La bombe n’explosant pas, elle avait ensuite nié l’évidence de son attraction. Mais le baiser avait eu lieu. Et leur histoire pouvait commencer – la belle histoire de la princesse et du geek.
Cette scène, d’une grande beauté classique, hissait Chuck pendant quelques secondes à la hauteur des comédies romantiques américaines historiques sur le couple. Elle mettait également en valeur le sujet latent de la série : une tentative de cerner ce qui, dans nos vies, relève ou non du jeu. Une seule question, toujours la même, posée plan après plan : c’est pour de faux ou pour de vrai ? Entre des personnages se comportant de manière immature alors qu’ils ont dépassé les 30 ans et les enjeux concrets des épisodes, plutôt adultes, Chuck a évolué dans une zone vraiment étonnante, à la fois clairement parodique et poignante.
Un genre d’Alias (belle série de J.J. Abrams, 2001- 2006), le sens de l’humour en plus.
Derrière les scènes d’action volontairement too much et une tendance générale au fun, le sang coulait vraiment, les sentiments existaient par éclairs fulgurants. A mesure que la série a avancé, le héros a passé le plus clair de son temps à chercher sa mère disparue. Il a continué de glousser et de rouler de grands yeux. On l’aimait aussi pour ça. Sans en avoir l’air, les créateurs Chris Fedak et Josh Schwartz ont construit avec Chuck un objet télévisuel pop sans grand équivalent aujourd’hui.
Egalement cocréateur de Gossip Girl, Schwartz n’est pas un inconnu de nos services. Il avait commencé sa carrière en revisitant avec bonheur le soap familial dans Newport Beach (alias The O.C.), notre attrape-coeur du milieu des années 2000. La promesse de retrouver son swing qui tue devrait achever de convaincre les derniers réticents. Il y a donc lieu de se réjouir de la diffusion de la saison 4 de Chuck en prime time, même si c’est uniquement en version française. Consacrée à la maturation du couple formé par le héros et sa girlfriend, elle offre quelques épisodes parfaits, spontanés, émouvants.
Chuck, saison 4. A partir du 7 avril à 20 h 45 sur NT1
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