Peter Jackson rate en beauté la suite des ses aventures tolkieniennes, qui sentent le réchauffé et restent sur l’estomac.
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Le premier volet du Hobbit, Un voyage inattendu, sous ses dehors d’épopée pompière, avait su ménager quelques trouvailles, pour ne pas dire quelques bizarreries, de fait inattendues au milieu d’un voyage un peu trop planifié. C’était ce dragon et ces araignées géantes qui inquiétaient d’autant plus qu’on ne les apercevait que par fragments (une patte ici, une paupière là) ; c’était cette image inhabituellement fluide et crue (du fait d’un défilement inédit à 48 images par seconde) qui redéfinissait la notion toujours fluctuante de réalisme au cinéma (n’en déplaise aux petits juges du bon goût) ; c’était, enfin, cette paire d’yeux exorbités roulant sur l’immensité de l’écran, où se lisait la terreur d’une créature trop humaine pour tant de pixels : Gollum.
Que reste-t-il de cette poésie prométhéenne dans ce second épisode ?
A priori tout. Et pourtant rien. Presque rien. Si Peter Jackson, le magicien néo-zélandais, a su garder intact le savoir-faire qui a fait son succès jusqu’ici – ou désespérer ceux qui ne trouvent aucun plaisir à voir courir des petits hommes aux pieds poilus sur des crêtes de montagnes enneigées, ça peut s’entendre –, il oublie, tout comme son buddy Guillermo Del Toro avec Pacific Rim d’ailleurs, le truc élémentaire de tout bon illusionniste : la variété.
Vous pouvez concevoir le plus élaboré des tours, faire surgir de votre baguette le plus gigantesque des dragons ou sortir de votre chapeau le plus terrifiant des wargs, à la dixième fois le public se lassera. Toute mécanique finit par s’user, c’est ainsi. Obligé de délayer pour réussir son absurde pari de réaliser une nouvelle trilogie, Jackson répète ad nauseam
les mêmes scènes dans les mêmes décors (des forêts inhospitalières, des corniches friables, des cités exsangues gouvernées par des rois fainéants…) et les résout toujours à l’identique : fuite, grand danger, baston, situation désespérée, sauvetage miraculeux, re-fuite, nouveau danger ; et ainsi de suite.
Le subtil art du voilement qui présidait au précédent volet laisse ici place à une épuisante logique d’empilement, que la mécanique propre au récit tolkienien (le fameux “souffle épique”) et le principe de répétition générale d’un Opus Magnum à venir, n’excusent pas – un cinéaste est toujours libre de son adaptation.
Par la force des choses, quelques visions se détachent toutefois, tel ce plan génial sur Sauron enfin démasqué, ou ce captivant jeu de cache-cache sur une montagne de pièces d’or, où l’effet 3D, adapté aux matières liquides ou modulables, joue à plein. A condition de ne pas être repu lorsque le plat arrive… Une année ne sera pas de trop avant d’enchaîner sur le troisième, pardon sixième, et ultime, ouf !, banquet.
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