Dario Argento détourne la figure de Dracula dans une série Z au ridicule assumé.
Card Player, La Troisième Mère, Giallo… chaque nouveau film de Dario Argento depuis au moins la fin des années 90 amène à faire le même constat: l’ancien grand styliste baroque, maître du cinéma d’horreur transalpin, semble perdu pour la cause, incapable de renouer avec l’éclat somptueux de ses premières œuvres.
Son nouvel effort, Dracula 3D, à l’origine une commande de Giovanni Paolucci (producteur de Bruno Mattei : tout est dit), confirme encore une fois la crise d’inspiration majeure du cinéaste. De la direction artistique au jeu ahuri des acteurs, des effets spéciaux très rudimentaires à l’écriture bordélique, tout dans cette relecture du mythe vampirique relève de la série Z, sans que l’on distingue précisément où se situe la part d’autodérision, tant le film semble parfois s’enivrer de ses propres carences.
C’est là une nouveauté dans le cinéma dernière période d’Argento : un sens de la farce assumé, un élan grotesque qui passe par la reproduction amusée de sa propre mythologie. Plutôt que de pleurer la gloire passée du maître italien, peut-être faut-il alors privilégier cette piste : Argento se moque désormais du prestige, il aspire seulement au titre cool de nouveau Jean Rollin.
Dracula 3D de Dario Argento, avec Rutger Hauer, Asia Argento (Esp., It., 2013, 1h46)