La joie, d’habitude si banalement ritualisée, d’entrer dans une année nouvelle, a été particulièrement vive cette année. Même si sa célébration s’est vue bornée de toutes sortes d’interdits. Mais cette joie vive avait, il faut bien le dire, pour principal moteur un empressement inédit à quitter l’année qui s’achevait. “Bon vent 2020”, voire “Fuck you 2020” et autres variantes se déversaient par tombereaux sur les réseaux sociaux tandis que 2021 commençait.
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Mais 2021 a-t-elle vraiment commencé ? La rupture n’a jusque-là été que calendaire. Et il est à craindre que 2021 (ou en tout cas tous les espoirs de résilience et de reset général qu’on y projette et dont cette date est devenue le nom) se fasse attendre encore un peu. Ce n’est pas le terrible retard à l’allumage dans la mise en place par les pouvoirs publics de vaccinations massives qui pourrait nous rassurer. Pour l’instant, 2021 semble encore quelque peu embourbée en 2020.
Pour preuve, dès le premier jour de l’année, Gabriel Attal a douché tout espoir de voir les établissements culturels rouvrir à partir du 7 janvier, date jusqu’à laquelle avait été prolongée leur mise en veille. “La France est un des pays au monde qui soutient le mieux ses acteurs culturels”, a aussitôt ajouté le porte-parole du gouvernement, ce dont s’était déjà enorgueilli Jean Castex quelques jours plus tôt dans sa lettre adressée aux professionnel·les du secteur.
S’il va de soi que cette mise à l’arrêt d’une industrie est avant tout une mise en péril de tous·tes celles et ceux qui y travaillent, il faut rappeler aussi que cette privation est aussi une violence exercée sur tous·tes celles et ceux pour qui aller au théâtre, au cinéma, au musée ou assister à des concerts constitue une pratique essentielle de leur existence (aussi essentielle que le droit de culte pour d’autres).
Nous recensons avec une ferveur particulière toutes les œuvres déjà prêtes qui attendent de prendre leur envol
Ce premier numéro de l’année, nous l’avons conçu de façon double. En premier lieu en construisant un ensemble dans lequel nous donnons la parole à des professionnel·les de la culture, qui racontent à la fois l’ampleur des dommages et la façon dont chacun·e travaille à inventer la suite, “en faisant vœu d’agilité”, comme le dit Boris Vedel, directeur du Printemps de Bourges. Avec un focus particulier sur les festivals, lieu à la fois de partage et de célébration, expérience de vie unique, “spectacle vivant en soi”, comme l’avance Thierry Frémaux (délégué général du Festival de Cannes).
Dans un second volet, nous recensons avec une ferveur particulière toutes les œuvres déjà prêtes qui attendent de prendre leur envol : les livres importants d’une rentrée littéraire de janvier dense et forte, les albums les plus attendus (de Frank Ocean à La Femme), les films, dont certains sont en suspens déjà depuis des mois mais qui suscitent un désir qui n’en est que plus ardent (les nouveaux Verhoeven, Carax…), les expos, les spectacles… C’est dans l’attente impatiente de cette refloraison que nous vous souhaitons nos meilleurs vœux pour 2021.
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