Deux BD aux sujets forts, les premiers recueils de nouvelles pour Zadie Smith et Nicolas Krauss, les nouveaux Edouard Louis, David Grann, Don DeLillo et Maggie Nelson, le souvenir d’Hervé Guibert chez Mathieu Lindon, et bien d’autres…
Maggie Nelson
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Si on a découvert Maggie Nelson en France très récemment, en 2015, avec Les Argonautes, récit-essai sur le genre, l’amour, la transsexualité et la maternité, elle écrivait en fait depuis longtemps. Son premier texte, écrit en 2005, est enfin traduit : une enquête poétique sur l’assassinat de sa tante Jane Mixer – un drame déjà abordé dans Une partie rouge (Ed. du Sous-Sol, 2017) sous forme de récit. Comme toujours chez Nelson, les formes, les “genres” sont bousculés, entre l’investigation, l’essai et la poésie. N. K.
Jane, un meurtre (Editions du Sous-Sol), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, en librairie le 4 mars
Mathieu Lindon
Dix ans après avoir écrit autour de son lien avec Michel Foucault dans Ce qu’aimer veut dire, Mathieu Lindon consacre Hervelino à l’un des autres êtres qui ont compté pour lui : l’écrivain Hervé Guibert. Le plus souvent situé à la Villa Médicis à Rome, où ils furent tous les deux résidents, le texte raconte leurs rires, leurs sorties, leur jeunesse, bref leur affection, jusqu’au moment où Guibert, qui en mourra en 1991, apprend qu’il a le sida. N. K.
Hervelino (P.O.L), en librairie le 7 janvier
Régis Jauffret
Après avoir consacré des romans à des faits divers, Régis Jauffret retourne puiser dans des faits réels mais cette fois-ci historiques, voire patrimoniaux. Dans ce roman biographique, il reconstitue la vie de Flaubert depuis sa naissance, tout en s’autorisant à combler les interstices entre les faits par de la fiction. N. K.
Le Dernier Bain de Gustave Flaubert (Seuil), en librairie le 4 mars
Will Self
Ancien junky, l’auteur de Dorian ou de Parapluie se penche sur sa jeunesse de défonce à l’héroïne. Des bas-fonds à l’upper class londonienne, des seventies aux eighties, Self dresse le portrait bouleversant d’un jeune homme perdu mais aussi celui d’une génération No Future sacrifiée, de ces enfants de la révolution sexuelle trop souvent négligé·es par leurs parents. En “il”, l’auteur s’écrit comme un personnage, parce qu’on change avec le temps et que l’homme qui écrit aujourd’hui n’est plus forcément le même que celui qui se shootait hier. L. B.
Will (Editions de l’Olivier), traduit de l’anglais par Francis Kerline, en librairie le 11 mars
Zadie Smith
C’est le premier recueil de nouvelles de l’autrice de Swing Time. Elle y explore le monde contemporain, et les appartenances culturelles, les conditions féminines, les héritages qui nous traversent, à travers une poignée de personnages : des célébrités américaines en fuite, un homme lors du dernier jour de sa vie, une femme qui se remémore ses années d’université et s’interroge sur le désir. N. K.
Grand Union (Gallimard), traduit de l’anglais par Laetitia Devaux, en librairie en mars
Jim Carrey
Plus que des mémoires, c’est un roman “semi-autobiographique” que signe Jim Carrey, où il met en scène Jim Carrey, acteur à succès seul à crever dans la vie (à part chercher l’affection auprès de “ses chiens de garde entraînés par le Mossad” et être conseillé par des gourous ou son ami Nicolas Cage). Jusqu’au moment où il rencontre Georgie. Sera-t-elle la femme de sa vie ? Le tout sur fond de tournages et de l’écriture d’un film avec Charlie Kaufman (scénariste de Dans la peau de John Malkovich). Hélas, rien ne se passera comme prévu. N. K.
Mémoires flous (Seuil), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sabine Porte, en librairie le 4 mars
Nicole Krauss
Premier recueil de nouvelles de l’autrice de L’Histoire de l’amour ou encore de Forêt obscure, To be a man est paru l’année dernière aux Etats-Unis et met en scène les différentes façons d’être un humain aujourd’hui, le poids de l’histoire, la fragilité de nos liens les uns aux autres, la façon dont nos vies se retournent, dont nous nous trompons sur nous-mêmes, etc. Tous les thèmes déjà à l’œuvre dans les romans de Krauss.
To Be a Man (Editions de l’Olivier), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paule Guivarch, en librairie en mai
Edouard Louis
Après son récit très politique de quelques épisodes de la vie de son père, dans Qui a tué mon père, Edouard Louis se penche sur la vie de sa mère dans un texte bref, intense. Une femme brisée par la violence sociale et celle des hommes, une femme passée inaperçue, une femme effacée qui soudain se redresse et dit non. En quittant son foyer, elle se métamorphose et commence enfin un dialogue avec son fils. N. K.
Combats et Métamorphoses d’une femme (Seuil), en librairie début avril
Don DeLillo
On est en 2022, une catastrophe semble avoir frappé le monde, cinq ami·e se réunissent dans un appartement à Manhattan, alors que toute connexion internet a été interrompue. Il·elles vont se parler, les mots vont prendre une importance majeure, jusqu’à leur tarissement. Le silence va s’installer entre eux et elles. Jusqu’à quand ? Que dire quand le pire est arrivé? DeLillo terminait ce texte quelques semaines avant l’irruption du coronavirus. N. K.
Le Silence (Actes Sud), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sabrina Duncan, en librairie le 7 avril
David Grann
Ce grand reporter au New Yorker, auteur du passionnant La Note américaine, livre une nouvelle enquête extraordinaire : un reportage sur les traces de l’expédition Shackleton en Antarctique et d’un homme qui est mort pour son idéal, Henry Worsley. C’est l’envers en quelque sorte de son livre sur l’Amazonie, La Cité perdue de Z : l’enfer blanc du continent de glace. N. K.
The White Darkness (Editions du Sous-Sol), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Johan-Frédérik Hel Guedj, en librairie le 4 février
Théa Rojzman et Juan Bernardo Muñoz Serrano
Valerie Solanas a tenté d’assassiner Andy Warhol en 1968. Derrière ce geste désespéré, il y avait une artiste et une intellectuelle qui signa le manifeste féministe radical SCUM (pour Society for Cutting Up Men). Avec cette biographie en partie rythmée par les chansons du Velvet Underground, la scénariste Théa Rojzman et le dessinateur espagnol Juan Bernardo Muñoz Serrano rendent hommage à cette personnalité badass et ambiguë, retracent sa vie tragique, des abus sexuels infligés par son père aux rêves de star de la Factory. V. B.
SCUM de Théa Rojzman et Juan Bernardo Muñoz Serrano (Glénat), en librairie le 17 février
Coco
“Pourquoi est-ce que je me sens si coupable ?” Dans Dessiner encore, la dessinatrice Coco commence par se représenter submergée par une vague de ressentiment, inspirée par celle du Japonais Hokusai. Sommée, le 7 janvier 2015, d’ouvrir la porte des locaux de Charlie Hebdo aux terroristes, elle revient ici, sans filtre, sur le travail de thérapie entrepris depuis les attentats et son “voyage intérieur” éprouvant. Après Catharsis (Luz) et La Légèreté (Catherine Meurisse), Dessiner encore est une BD autobiographique violemment émouvante. V. B.
Dessiner encore de Coco (Les Arènes), en librairie le 11 mars
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