Portrait d’une bourgeoisie malade dans une farce cynique trop affectée.
Le Néerlandais Alex Van Warmerdam a eu son moment de gloire dans les années 90 (Les Habitants, ressorti récemment en France), dans le genre alors très fréquenté de la fantaisie absurde, typique d’une certaine production d’Europe du Nord.
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Puis il a mystérieusement disparu des radars, avant de faire sa réapparition en invité surprise du dernier Festival de Cannes avec son nouvel opus, Borgman, dont c’est peu dire qu’il reste fidèle au petit périmètre de son cinéma maniériste.
Ceux qui l’ont déjà visité y retrouveront donc exactement les mêmes ingrédients : une fabrique de saynètes surréalistes, dessinées dans des plans hyper géométriques, une galerie de personnages impénétrables et un humour laconique, “noir” selon la formule consacrée.
Ils retrouveront aussi cette même férocité, vaguement politique, qui s’insinue ici dans une sorte de Théorème de Pasolini revisité : soit un énième portrait d’une bourgeoisie malade, livrée à ses pires instincts après l’irruption dans son monde d’un intrus révélateur. L’étranger en question
est le Borgman du titre, un sans-abri qui va infiltrer le cocon d’une famille modèle, réveiller la libido de madame et les pulsions grégaires de monsieur.
Tant qu’il tient la satire à distance, le film convainc dans une première partie un peu divagante où s’installe une atmosphère opaque, nimbée de fantastique (les belles scènes de rêves érotiques et monstrueux). Mais à mesure que le récit progresse, virant au jeu de massacre sardonique, l’effet d’étrangeté s’estompe pour ne plus laisser entrevoir qu’un dispositif mécanique, une démonstration d’originalité criblée d’effets chocs (le running gag des corps jetés au lac) et de symbolisme pesant. C’est la limite de cet exercice de style, une bizarrerie sous cloche trop calculée pour provoquer le moindre trouble.
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