Formé à Londres, le duo franco-turc tient le pari d’une musique transversale, référencée mais jamais frimeuse.
Dissipons d’emblée tout malentendu : Kit Sebastian n’est pas un projet taillé pour les diggers un peu snobs, et encore moins pour les directeurs artistiques en manque d’inspiration. Le duo formé par le Français Kit Martin (24 ans) et la Turque Merve Erdem (29 ans) produit une musique à la fraîcheur revigorante, immédiate et jamais frimeuse, malgré l’impressionnante liste de références musicales et esthétiques conviées dans ses morceaux. Formé à Londres, le tandem a pioché dans la musique pop anglo-saxonne, le folklore turc et le psychédélisme à la française de quoi délimiter son terrain de jeu.
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Un coup de maître inaugural
Interrogés par mail, les deux musiciens répondent d’une seule voix sur l’origine de leurs influences : “La multiplicité et la diversité des genres qui nous inspirent et de leurs origines peuvent donner l’impression que c’est une forme de revendication. Mais c’est surtout une profonde curiosité qui guide notre approche. En Turquie, la musique folklorique fait partie de la vie quotidienne au même titre que le rock anatolien. En France et en Italie, les jeunes générations continuent d’écouter les groupes des années 1960 et 1970. Nous avons vécu dans tous ces pays et il est difficile d’échapper à ces références quand on écoute notre musique.”
Chantés en turc et en anglais, les morceaux qui composent ce coup de maître inaugural ne font pas qu’effacer les frontières géographiques. Ils sont autant de traversées du miroir hors du temps, nageant à leur propre vitesse, dans leur propre courant. Ils revendiquent au moins une chose : une profonde modernité, qui redonne au passage un peu de sens aux cultures musicales ultra-exhaustives nées après internet. Ce que confirme le duo : “Le passé peut facilement devenir un refuge et un endroit où on idéalise des souvenirs et des événements. Nous ne sommes ni romantiques ni naïfs. Ce que nous créons appartient au présent.”
Gorgée d’influences donc mais extrêmement personnelle, la musique de Kit Sebastian est de la trempe de celle des grands passeurs de la pop transversale, Broadcast ou Stereolab en particulier, dont les ombres flottent avec bienveillance sur les morceaux chantés en anglais, comme Mantra moderne ou With a Sense of Grace. “Nos paroles sont plus émotives et poétiques quand on chante en turc”, affirment les deux musiciens.
C’est en effet dans la langue d’Altin Gün que Kit Sebastian livre les meilleurs moments de son Mantra moderne, à l’image du tube yé-yé anatolien totalement imparable Senden Baska, de l’exotica rêveuse de Yanimda Kal ou de l’entêtante ritournelle Yürüdüm Büyüdüm Çürüdüm. Enregistré en analogique “pour conserver notre spontanéité”, ce premier album touche juste en s’éloignant de toute forme de sacralisation et sans intellectualiser outre mesure une musique qui s’inscrit dans l’essence mélodique, accrocheuse et un brin mélancolique de la pop telle qu’on l’écoute partout dans le monde. Avec une sacrée dose de fougue moderne et juvénile.
Kit Sebastian Mantra moderne (Mr Bongo/Bertus)
Concert Le 13 décembre, Paris (Nuits Zébrées)
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