Le couturier, âgé de 98 ans est mort ce mardi 29 décembre, il laisse derrière lui plus qu’un empire, une empreinte.
Le couturier Pierre Cardin s’est éteint mardi 29 décembre à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Associé autant au renouveau d’après-guerre, qu’au style futuriste et à la globalisation de la mode, son parcours est sans pareil.
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Né en 1922 en Italie, il grandit en France dans une famille immigrée ayant fui le fascisme. Fasciné par la sape dès le plus jeune âge, il fait ses débuts à 14 ans chez des tailleurs loin de Paris, avant d’intégrer la maison Jeanne Paquin en 1944 dans la capitale. Il y dessine les costumes et masques du film La Belle et la Bête de Jean Cocteau, et entreprend une longue collaboration avec le cinéma. Après un passage dans les ateliers d’Elsa Schiaparelli, il rejoint Christian Dior et contribue à l’iconique tailleur Bar, une taille marquée et sa jupe ample, une silhouette clef du New Look.
En 1950, il fonde sa propre maison de couture, ou il dessine autant des costumes de bal que de scène. Par la suite, il développe des silhouettes conceptuelles, pensées de façon sculpturales et inspirées par l’Op Art (l’art optique) et plus tard le Pop Art. Il ose les couleurs explosives, les nouveaux textiles comme le vinyle et la fausse fourrure. Aux côtés d’André Courrèges et Paco Rabanne, il devient une des figures de proue de la mode futuriste qui domine les années 60 et annonce un renouveau dans les lignes, la jeunesse et la société.
Un styliste amoureux du septième art
Cet amoureux de la scène et des décors multiplie les costumes de personnalités et de comédien·nes. On lui doit notamment les ensembles noirs à col Mao des Beatles et de nombreuses tenues de John Steed dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir.
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En 1962, lors d’une séance d’essayage pour le film Eva de Joseph Losey, il fait la rencontre de Jeanne Moreau, avec qui il vivra une passion qui durera quatre ans, et qu’il habillera dans une quinzaine de films. On peut notamment penser aux tenues graphiques en noir et blanc dans La Baie des Anges de Jacques Demy, à Peau de banane de Marcel Ophüls, à Viva Maria ! de Louis Malle ou encore à La mariée était en noir de François Truffaut. Il apparaît même aux côtés de l’actrice dans un petit rôle dans Jeanne, la Française du Brésilien Carlos Diegues.
Au fil des années, le styliste ne cesse d’innover. Il devient le premier créateur à créer une collection masculine, incarnée lors d’un défilé historique par 250 étudiants parisiens « castés » aux alentours des universités de la capitale. Puis fait de la mannequin tokyoïte Hiroko Matsumoto sa muse, et la première mannequin japonaise à percer à Paris.
Un homme d’affaires hors pair
En 1962, il ouvre un « corner » dans le grand magasin Le Printemps et choque l’industrie élitiste du luxe. Ses efforts pour démocratiser la mode sont loin des cloisons de la haute couture.
Ce déploiement traverse non seulement les classes sociales mais aussi les frontières : il fait partie des premiers à imaginer un système de licences et de franchises, notion aujourd’hui centrale dans le luxe mais qui était alors avant-gardiste. Il appose son nom (ou ses initiales) sur des produits allant du parfum aux cigarettes, du papier peint à l’eau minérale et se développe dans 100 pays.
Sans perdre de vue ses ambitions culturelles, il dirige l’Espace Cardin dès 1971 (où se produira notamment Marlène Dietrich, vêtue comme à de nombreuses reprises, de ses créations) et acquiert le restaurant légendaire le Maxim’s en 1981.
C’est précisément cette vision à 360 degrés que salue aujourd’hui le milieu endeuillé de la mode ainsi que ses proches et sa famille qui ne manquent pas de rappeler, dans un communiqué, que “Le grand couturier qu’il fut, a traversé le siècle, laissant à la France et au monde un héritage artistique unique dans la mode mais pas seulement.”
De nombreuses personnalités (et institutions) lui ont rendu hommage sur Twitter :
Couturier, designer, ambassadeur de la France, académicien, mécène, tout au long de sa vie, Pierre Cardin aura mené bel ouvrage.
Merci monsieur Cardin de m’avoir ouvert les portes de la mode et d’avoir rendu mon rêve possible… #PierreCardin pic.twitter.com/GeworJSsuA— Jean Paul Gaultier (@JPGaultier) December 29, 2020
« En 1974, Cardin a 50 ans et connaît la consécration : il pose torse nu en couverture du magazine @TIME » (@v_lorelle @lemondefr) https://t.co/vL8ntzl6sF #PierreCardin #histoire #mode pic.twitter.com/eKzq8ETrSE
— IfmParis (@IfmParis) December 29, 2020
Le Secrétaire perpétuel, Laurent Petitgirard, et les membres de l’Académie des beaux-arts ont la très grande tristesse d’annoncer la disparition de leur confrère Pierre Cardin. Il avait été élu le 12 février 1992 au fauteuil de Pierre Dux (section des membres libres). pic.twitter.com/sA1mABvZB5
— Académie des beaux-arts (@AcadBeauxarts) December 29, 2020
#pierrecardin a tout vu, tout vécu. Il créa pour Cocteau les costumes de La belle et la bête, aimait à raconter qu'il acheta la première machine à coudre de Christian Dior, dirigeant son atelier de tailleurs et de manteaux. Grand innovateur, il comprit très tôt la mondialisation
— Pascal Morand (@PascalMorand) December 29, 2020
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