La série documentaire Netflix, qui retrace l’affaire Grégory à travers de nombreux témoignages et des images d’archives, a surpris les spectateurs et les parents de Grégory Villemin, choqués des propos sexistes du commissaire Corazzi au sujet de la mère, Christine Villemin.
Depuis le 20 novembre, une minisérie Netflix permet de retracer en cinq épisodes l’affaire Grégory, du nom de Grégory Villemin, un petit garçon de quatre ans retrouvé assassiné le 16 octobre 1984 dans les Vosges. Fondée sur de nombreux témoignages et des images d’archives, Grégory permet de comprendre les ressorts d’une enquête toujours ouverte plus de trente ans après les faits. Parmi les témoignages, glaçants, celui du commissaire Corazzi dans l’épisode 3 a choqué les spectateurs, non par l’horreur des événements relatés, mais pour son sexisme.
“Elle a une tenue qui est plaisante, disons”
Chargé de l’enquête à partir de février 1985, Jacques Corazzi revient sur les recherches qu’il a menées à l’époque. Se remémorant une visite rendue au couple, Corazzi évoque la tenue de Christine Villemin : “Jean-Pierre Pesson et moi nous allons visiter les parents. La première fois où je les vois, c’est vrai que j’ai une double impression. Le couple est là, Jean-Marie Villemin est effondré, c’est quelqu’un qui est complètement… comment dire… on est de tout cœur avec lui quoi. Par contre, avec elle, on a moins d’atomes crochus disons. Pourquoi ? Je sais pas. Elle a une tenue… elle est en noir, d’accord. Mais elle a une tenue qui est plaisante disons. Elle a un pull extrêmement collant. Bon, dans d’autres circonstances, on est presque là à lui faire la cour quoi. Je me dis tiens, elle est moins… elle est presque agréable à regarder, je veux dire que pour un homme je trouve qu’elle est pas mal quoi. Moi j’aurais vu quelqu’un d’éploré, de pas coiffé, d’habillé de manière négligée, c’est pas le cas. Bon ça fait pas un coupable, bien entendu, mais on a un doute, on a quelque chose qu’on veut élucider là. On veut savoir exactement ce qui s’est passé. Parce qu’il faut pas oublier que la dernière personne qui a vu Grégory, c’est elle.”
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Une mère “excitante”, indigne de compassion
Initialement suspectée d’avoir elle-même tué son fils, Christine Villemin a par la suite été innocentée, en 1993. Mais Corazzi “s’arrête à son enquête, qui a pourtant été remise en cause depuis”, a rétorqué Marie-Christine Chastant-Morand, avocate des Villemin, au Parisien. Les propos misogynes et sexistes du commissaire laissent entendre qu’une simple tenue aurait distingué la mère, indigne de compassion, du père, dont la tristesse à l’inverse émouvait. Et Corazzi d’ajouter sans scrupule dans un témoignage postérieur qu’il trouvait même la mère de Grégory “excitante”.
Un point de vue qui n’a pas manqué d’indigner les spectateurs comme les Villemin, qui “ont été choqués de ces propos tenus tant d’années plus tard. Comme si la justice dépendait d’une façon de s’habiller…”, a déclaré leur avocate. Néanmoins, selon Maître Thierry Moser, l’autre conseil du couple, le documentaire “remet les pendules à l’heure sur le rôle odieux que M. Corazzi a tenu dans cette affaire”.