Dans une enquête, “Têtu” pointe le manque de représentation de la communauté LGBT + dans les séries de fiction en France. Conclusion : les progrès sont présents, mais encore trop lents à se faire.
Sur la question LGBT +, nos séries sont pour la plupart (très) en retard. C’est ce qu’explique le journaliste Timothée de Rauglaudre dans son article Les séries françaises zappent les LGBT +, à retrouver dans le nouveau numéro du magazine Têtu, sorti ce 27 novembre. Les séries de fiction produites et réalisées dans l’Hexagone comptent en effet peu de personnages issus de la communauté LGBT +.
La première série française de fiction à mettre en scène un homme transgenre, par exemple, est Plus belle la vie, en mars 2018. Le retard de la télévision française est également criant quant au manque de représentation des personnages gays et lesbiens. Au contraire, dans le monde anglo-saxon, des progrès ont été faits bien plus tôt : ainsi, des chaînes britanniques et américaines diffusaient déjà, il y a respectivement vingt ans et quinze ans, des séries centrées sur des personnages homosexuels. Queer as Folk et The L Word sont devenues populaires dans le monde entier, montrant l’intérêt du public pour les sujets abordés.
Des rapports inexistants
Depuis une quinzaine d’années aux Etats-Unis, une association LGBT + publie tous les ans un rapport qui évalue le nombre de personnages LGBT + dans les séries américaines (qui était par exemple de 10,2 % pour l’année 2019-2020). En France, aucune étude de ce genre n’a été encore mise en place, l’une des raisons invoquées étant la prétendue difficulté à déterminer l’orientation sexuelle d’un personnage de fiction. La sociologue Karine Espineira, interrogée par Têtu, explique que si des progrès sont bien présents en France, ils sont encore trop lents.
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Représenter la société française
L’article de Timothée de Rauglaudre propose ensuite un comparatif entre les différentes chaînes de télé françaises, afin de leur donner une note en fonction des séries et personnages qu’elles proposent. Les chaînes du service public sont globalement plus inclusives, étant donné qu’elles se doivent, comme l’explique le journaliste, de représenter la société française dans son ensemble.
Les plateformes de streaming pourraient également contribuer à faire évoluer ce manque de représentation. Le sociologue Arnaud Alessandrin parle ainsi d’un “effet tremplin” initié par ces services digitaux, dont les productions comptent plus de personnages LGBT + que la télévision. Un producteur, Joris Charpentier, parle notamment du regret des personnes LGBT + de se voir peu ou mal représentées : “Sur les réseaux sociaux, les personnes LGBT + disent qu’elles veulent se voir à l’écran. Elles ont souffert de ne pas être représentées, que leurs personnages soient noyés dans une masse de gens hétéronormés.”
Les témoignages d’acteurs et actrices, dont Jonas Ben Ahmed de Plus belle la vie ou encore Ophélia Kolb de Dix pour cent, accompagnent également ce texte éclairant et nécessaire.
Retrouvez le nouveau numéro de Têtu, sorti ce mercredi, en kiosques et à commander en ligne.