Le forgeron wagnero-alien revient. En plus drôle que la première fois.
Malins, les studios Marvel recrutent leurs réalisateurs afin qu’ils impriment leur style sur leurs films de superhéros : la mise en valeur collective d’un groupe de personnages foutraques pour Joss Whedon (Avengers), l’humour acide de Shane Black (Iron Man 3) et, pour le premier Thor, Kenneth Branagh pour adapter le dieu viking kitschouille façon Shakespeare pour les nuls. D’où la régression apparente de ce second volet, confié à Alan Taylor, un pro de la série TV ayant enfilé les épisodes de Mad Men, des Soprano et de Game of Thrones.
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Fausse piste : Taylor ne refait pas ses modèles du câble, bavards et sentencieux, mais vise le cinéma pop, frénétique et infusé de l’efficacité sérielle d’un autre transfuge télé, J. J. Abrams. C’est plus amusant, moins plombé que le Branagh, mais ça a comme défaut de s’éparpiller en auberge espagnole, en pot-pourri sans identité : Star Trek ici, Tolkien par-là et même de fugaces échos de la Natalie Portman barrée de Black Swan.
C’est que, d’Avengers à la série Agents of S.H.I.E.L.D., Marvel s’essaie à un langage reliant grand et petit écran, hérité des comic books. On y fait se rejoindre les héros de différents univers mais aussi se clasher merveilleux et quotidien. Pourtant on est moins chez Spielberg que dans la connivence, le clin d’oeil permanent. Thor affronte des géants, fait un tour en voiture cabossée : le blockbuster gonflé se fait trouer par la sitcom déflationniste. On voudrait un peu plus de cinéma.
Heureusement, le film retient du J. J. Abrams de Mission: Impossible 3 les changements de vitesse dans le crescendo, dans une ébouriffante bataille-zapping du héros entre différents mondes. Et il y a toujours le méchant Loki, séduisant bouffon meurtri(er) parfaitement nuancé par son interprète Tom Hiddleston, un Johnny Depp pas encore tombé dans l’autoparodie.
Léo Soesanto
Thor – Le monde des ténèbres d’Alan Taylor, avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tom Hiddleston (E.-U., 2013, 2 h 10)
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