Une enquête édifiante, diffusée sur Arte ce mardi 26 novembre, dévoile les dessous des thérapies dites de « conversion » prétendant « guérir » l’homosexualité dans plusieurs pays, dont la France. Elle montre les ravages psychologiques créés par ces sessions lancées par des organisations catholiques et évangéliques.
Le film commence par un face-à-face inattendu. Celui d’un ex-dirigeant du groupe « ex-gays » évangélique Exodus International avec un ancien participant à une « thérapie de conversion », tous deux de nationalité américaine. Le second explique alors au premier comment cette session a provoqué chez lui de graves ravages psychologiques : “Ce que j’ai vécu était extrême, et vraiment nocif.”
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Voilà le sujet du documentaire Homothérapies, conversion forcée, qui sera diffusé le 26 novembre sur Arte (et déjà visible sur le site d’Arte) : pendant deux ans, des journalistes ont mené l’enquête sur ces pseudos thérapies initiées par des organisations religieuses catholiques ou évangéliques, lesquelles prétendent « guérir » les personnes homosexuelles, soit en les « convertissant » à l’hétérosexualité, soit en les enjoignant à l’abstinence.
Réalisé par Bernard Nicolas et co-écrit par Timothée de Rauglaudre et Jean-Loup Adénor – déjà auteurs en octobre de l’ouvrage Dieu est amour (éd. Flammarion), qui se concentre sur le cas français – le film nous fait voyager à travers cinq pays, tous concernés par ces « homothérapies » : l’Hexagone donc, les Etats-Unis, la Pologne, l’Allemagne et la Suisse. Le film revient sur l’histoire de ces thérapies diabolisant l’homosexualité, initialement apparues outre-Atlantique à la fin des années 1970, avant de se répandre ailleurs dans le monde à partir des années 1990 – alors même qu’à cette même date, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) retire l’homosexualité de sa liste des maladies mentales.
https://youtu.be/2k_5iJT4ZM8
>> A lire aussi : “Les groupes qui veulent ‘guérir’ les homos sont en train de se développer en France”
Emprise psychologique
Dans quelles conditions se sont créées ces « thérapies » aux Etats-Unis ? Si à partir de 1973, l’homosexualité est retirée de la liste des maladies psychiatriques dans le pays – avec pour conséquence l’arrêt progressif du recours à la lobotomisation, aux électrochocs ou encore à la castration chimique à l’encontre des personnes homosexuelles -, les assos catholiques et évangéliques qui vont développer ces « homothérapies » à la fin de cette décennie vont choisir de passer par le biais de la religion et de l’emprise psychologique pour « guérir » les participants à leurs sessions. Des victimes témoignent d’ailleurs dans le documentaire, de même que leurs familles, des prêtres ou encore d’ex-dirigeants de mouvements « ex-gays ».
⚠ Bernard Nicolas révèle un phénomène alarmant: des programmes de conversion à destination des #homosexuels sont menés en toute impunité par des groupes religieux.
Intw ➡ https://t.co/CxQzbYP06l
Homothérapies, conversion forcée
Sur @ARTEfr le 26.11
En ligne du 19.11 au 24.11 pic.twitter.com/kPFwkZu1CB— ARTE pro (@ARTEpro) November 3, 2019
Le journaliste Jean-Loup Adénor apparaît lui aussi devant la caméra : pendant un an, il s’est infiltré sous une fausse identité dans des sessions de « guérison » organisées en France par l’association catholique « Courage » et l’association évangélique « Torrents de vie », lesquelles sont beaucoup plus discrètes qu’aux Etats-Unis – mais pas moins actives. Il en tire des images édifiantes, tournées en caméra cachée, où il joue le rôle d’un jeune homme “luttant contre son homosexualité” dont les organisateurs vont tenter de « guérir » la prétendue “déviance sexuelle”.
Sous couvert de religion, les thérapies de conversion tuent l'amour – mais pas celui qu'elles voudraient ⤵ https://t.co/yEDpS64d8t pic.twitter.com/wR3j8zORB6
— ARTE (@ARTEfr) November 14, 2019
Comment de telles pratiques peuvent-elles avoir cours de nos jours ? Le documentaire montre le flou juridique planant autour de ces « thérapies » – et notamment, pour le cas français par exemple, comment les participants s’y rendent de leur plein gré. Ce mardi 26 novembre, Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre seront auditionnés à l’Assemblée nationale dans le cadre d’une mission d’information “sur les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne”.
Lancée par deux députés – Laurence Vanceunebrock-Mialon (LREM) et Bastien Lachaud (LFI) -, elle a pour objectif à terme, comme précisé dans la Croix, de “faire préciser ces infractions dans le code pénal”. En mars 2018, le Parlement européen avait enjoint les pays membres à légiférer à ce propos. A l’heure actuelle, c’est seulement le cas de Malte et de deux régions autonomes d’Espagne.
Homothérapies, conversion forcée, de Bernard Nicolas, Timothée de Rauglaudre et Jean-Loup Adénor, diffusion sur Arte mardi 26 novembre à 20h50, 95 min
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