Une société américaine propose de se servir des images des caméras de surveillance pour analyser le comportement des consommateurs et proposer ses études marketing aux magasins, café ou salle de gym.
Et si les images des caméras de surveillance servaient d’outils marketing aux entreprises ? Prism Skylabs, une start-up américaine basée à San Francisco, propose ainsi de récupérer les images de vidéosurveillance des magasins pour étudier le comportement des consommateurs sur le même modèle que les études faites par Google Analytics pour les sites web.
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Compter le nombre de clients en temps réel, observer leurs déplacements dans l’enceinte comme aux abords du magasin, ou encore analyser leurs réactions face aux produits et devantures, voilà les services que propose Prism Skylabs. Ron Palmeri, le président et co-fondateur de la start-up, se justifiait ainsi auprès du New York Times :
« Les caméras de surveillance sont partout. Avec quelques logiciels reliés entre eux, on essaie de créer des usages qui soient bénéfiques aux gérants des magasins comme aux consommateurs. »
La société assure défendre également l’intérêt du client. Mais jusqu’à présent, le seul exemple connu est que celui-ci peut observer le taux d’occupation d’un restaurant en temps réel au lieu de l’appeler pour savoir si une table est libre.
Concernant le respect de la vie privée, Prism Skylabs veille à flouter les images et reprend les données dans des « heat map », des cartes ne représentant que des formes ou traînées colorées.
673 000 caméras en France
Filmer les clients pour observer leurs comportements et améliorer ses stratégies marketing n’a rien de nouveau. « En France, c’est ce qu’on appelle les dispositifs de mesure d’audience. On en trouve par exemple dans le métro, où certains écrans publicitaires sont équipés de caméras, mais ça peut aussi être installé dans un magasin », explique Xavier Delporte, de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Le dispositif doit être dédié à cet usage et nécessite l’autorisation préalable de l’autorité administrative. Le plus souvent, il s’agit seulement de mesurer la fréquentation d’un lieu ou l’audience d’un panneau publicitaire, mais des analyses comportementales sont aussi possibles. Dans ce cas-là, l’anonymat est garanti, l’image étant instantanément brouillée.
« Ce qui est nouveau avec cette société américaine, c’est l’utilisation de la vidéosurveillance publique à des fins marketing », insiste Jean-Claude Vitran, le responsable de la commission Libertés et TIC de la Ligue des droits de l’Homme.
C’est en effet là que ça coince. La législation française interdit pour l’instant un double usage de ce genre de dispositif. « Utiliser des caméras de vidéosurveillance pour réaliser des analyses comportementales, ce serait un délit pénal car il y aurait un détournement de finalité », signale Xavier Delporte. Depuis près d’un an qu’elle est autorisée à faire des contrôles, la CNIL n’a jamais rencontré ce cas de figure parmi les infractions relevées. L’autorité administrative a réalisé 150 contrôles, sur les 673 000 caméras de surveillance installées en 2011 en France, sur la voie publique et à l’intérieur des commerces, banques, parking et autres lieux concernés.
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