À l’occasion de la publication prochaine du scénario de « Fleabag », la scénariste, réalisatrice et actrice Phoebe Waller-Bridge est revenue sur la genèse de la série.
Invitée dimanche 24 novembre par le New York Times Magazine à l’occasion de la publication ce 26 novembre de Fleabag : The Scriptures, qui réunit le scénario de la série assorti des commentaires de l’autrice, Phoebe Waller-Bridge est revenue sur l’écriture de sa série, rapporte le Hollywood Reporter. Sacrée meilleure série comique aux Emmy Awards fin septembre, Fleabag est l’adaptation du one-woman-show éponyme, présenté au Fringe Festival d’Edimbourg en 2013.
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« Je vais écrire ce personnage afin de ne pas le devenir moi-même »
La scénariste, réalisatrice et actrice a expliqué comment elle avait conçu la pièce de théâtre : « J’avais besoin de voir ce personnage. Et je voulais jouer ce personnage. Puis j’ai découvert que je pouvais écrire ce personnage. Je ressens comme une brûlure lorsque j’écris quelque chose qui semble vrai et un peu dangereux, et j’ai ressenti cette bonne vieille brûlure quand j’ai écrit la pièce. J’étais motivée par un sentiment de rage. (…) Quand je me sentais au plus bas, en colère, enragée, debout au bord de ce précipice qui nous habite, et que j’observais le fond de ce gouffre, ce que j’y trouvais, c’était Fleabag. Alors je me suis dit : ‘Je vais écrire ce personnage afin de ne pas le devenir moi-même’. »
Une rage ancrée dans l’éducation
L’idée de planter le décor d’une bonne partie de la saison 2 de Fleabag dans le milieu religieux est née de l’expérience de Waller-Bridge, qui a reçu une éducation religieuse – en partie responsable de la rage qui l’anime et dont elle parle ici. « J’aimais beaucoup l’énergie oppressante qu’il y avait » a déclaré la scénariste, qui n’a jamais été croyante. « Je me souviens que si je voulais être espiègle, je devais me plier aux règles du jeu », a-t-elle ajouté, expliquant que sous ses apparences de jeune fille sérieuse, elle avait l’esprit rebelle, et qu’elle jouait de la batterie dans le groupe de l’église.
L’énergie que déploie Waller-Bridge dans Fleabag est aussi liée à son parcours scolaire et aux difficultés qui lui ont barré la route après avoir fini ses études à la Royal Academy of Dramatic Arts : « Quand j’avais la vingtaine, je me sentais frustrée par ma position dans l’industrie, d’être à l’affût d’un travail. (…) Dans ma vie personnelle aussi, je me demandais quelle était ma place dans le monde en tant que femme, et en tant que femme qui voulait écrire et jouer ; je me questionnais sur mon apparence physique et sur le pouvoir que j’avais, tout ça m’assaillait en même temps et je sentais gronder la rage. Mais jamais je n’ai voulu exprimer cette rage à l’état pur devant les autres donc je pense que ça a pris la forme de blagues. Fleabag était un moyen d’exprimer tout ça » a-t-elle expliqué.
Le succès de Fleabag
Depuis la saison 2 de Fleabag, pourtant, Phoebe Waller-Bridge a acquis la notoriété qui lui semblait si lointaine dix ans plus tôt. Auréolée d’un succès du côté des critiques comme du public, adoubée par l’industrie lors des Emmy Awards, où elle s’est vue décerner le prix du meilleur scénario, de la meilleure actrice et de la meilleure réalisation (pour le premier épisode de la saison 2), la série a propulsé sa créatrice sur le devant de la scène. Une reconnaissance qui lui a valu à Waller-Bridge de travailler sur le scénario du prochain James Bond et de signer un contrat de vingt millions de dollars avec Amazon.
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Une écriture fondée sur la sincérité
Interrogée sur le virage qu’a pris sa carrière, Waller-Bridge a souligné l’effet stimulant du travail qui l’attendait au tournant et expliqué que tant qu’elle aurait des projets, rien ne pourrait la faire flancher.
En tant que scénariste, elle valorise la sincérité dans l’écriture, précisant que « tant qu’on est sincère, ça a de la valeur, et même si cette valeur devient obsolète dans dix ans, elle dira toujours quelque chose de l’époque à laquelle on a écrit. » A ce besoin d’authenticité s’ajoute la conscience que tout travail est conçu à destination d’un public : « Je tiens à ce que [mon travail] ait un impact à chaque fois. (…) Ça me rend folle d’entendre constamment cette voix qui me dit que [ce que j’écris] n’est pas assez drôle ou qui se demande si cela a du sens et tout. J’ai le sentiment qu’à chaque fois que j’écris quelque chose il faut que ce soit la meilleure chose que j’aie jamais écrite, ce qui n’est pas très drôle » a-t-elle confié.
Alors que Phoebe Waller-Bridge a annoncé qu’il n’y aurait pas de saison 3 pour Fleabag, la curiosité à son comble : quels seront ses prochains projets ? Pour l’instant, seul un titre a été dévoilé : Waller-Bridge écrira et interprétera Run, qui sera diffusé sur la plateforme de streaming HBO Max.
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