Après les imparables ep Black Moses et Channel Tres, le Californien remet le couvert avec i can’t go outside, une nouvelle mixtape qui invite nuls autres que Tyler, The Creator et Tinashe.
Avant de pénétrer les arcanes de cette toute nouvelle livraison du kid de Compton, il paraît bon de rappeler que Moodyman, sortait en mai dernier Taken Away, une indispensable mixtape qui charriait tout l’imaginaire de l’inénarrable pionnier de la house de Détroit ayant traumatisé plus d’un artiste. Channel Tres est de ceux-là.
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Entre sa personnalité expansive – doux euphémisme – et sa musique groovy en diable, l’angeleno, disciple parmi les disciples, nous racontait l’année dernière l’Epiphanie hallucinatoire provoquée par la découverte tardive du grand Moodyman : « Quand Drake a sorti Passionfruit avec le sample de Moodyman je me suis dit : ‘Qui est ce putain de mec ?’. J’ai découvert tout ça et j’ai été soufflé. Je ne savais même pas que ce genre de truc existait ».
Il nous revient aujourd’hui avec mixtape surprise au nom évocateur i can’t go outside, toujours plus prompt à creuser le sillon de son aîné sur sept titres solaires (dont deux formidables collaborations avec Tyler, The Creator et Tinashe) composés pourtant dans l’autarcie du premier confinement.
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Nonchalamment votre
Avec leur air de pas y toucher et leur nonchalance pleine de morgue, les morceaux de i can’t go outside battent le même fer que les précédents ep Black Moses et Channel Tres avec une précision accrue. Autrefois brut de décoffrage, ce que les mélodies solaires et les loops entêtantes des deux premiers eps ont perdu en efficacité elles le gagnent en amplitude, en complexité et en intimité. Une observation qui relève presque de l’évidence lorsqu’on sait que le confinement a profondément affecté le processus créatif de Channel Tres. Lui qui avait pour habitude de sortir, de s’aérer entre deux sessions d’enregistrement, s’est contraint à une rigueur militaire pendant cette période, s’obligeant à composer tous les jours et reconfigurant, de fait, son rapport à la composition.
En résulte ce i can’t go outside, témoin d’une époque troublée par la pandémie mondiale et mixtape parcourue de fantasmes d’ailleurs : un road-trip en Chevrolet Impala (2000 chevy malibu), une ride en skateboard (skate depot), une envie de découcher (fuego avec un Tyler, The Creator méconnaissable). Mais plutôt que d’universalité, c’est bel et bien d’intimité partagée dont il est question sur ce nouveau projet. Car, derrière les incartades jazz et r’n’b avec Tinashe, les basses renversées à la Ms. Jackson, ces boîtes à rythmes et voix pitchées insidieuses, c’est tout cet imaginaire collectif de l’abandon et de la liberté qu’on croyait oublié qui infuse ce salvateur i can’t go outside.
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