Le quotidien de deux jeunes moines bouddhistes dans le Japon d’après Fukushima. Tendre et sans complaisance.
La curiosité de Katsuya Tomita ne connaît décidément aucune limite. Après les yakuzas (Above the Clouds), les non-lieux urbains et leurs zonards (Off Highway 20), la communauté nippo-brésilienne et ses rappeurs (Saudade) et les bordels thaïlandais (Bangkok Nites), le voilà s’intéressant aux moines bouddhistes. Fruit d’une commande (de l’association des jeunes moines d’un temple, dont est issu le cousin du cinéaste, par ailleurs un des deux protagonistes), durant à peine plus d’une heure et filmé en équipe réduite, Tenzo est un film modeste sur, ça tombe bien, la modestie — ce qui ne l’empêche nullement d’être perçant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
https://www.youtube.com/watch?v=7Txa8FrTrXA
Tomita y déploie une esthétique hybride, oscillant entre fiction et documentaire, parfois au sein de la même séquence, pour raconter la vie de deux jeunes moines dans un Japon qui peine à se remettre de la catastrophe de Fukushima. L’un (joué, donc, par son cousin) se consacre à enseigner les vertus du mieux-manger (Tenzo étant l’une des six branches d’un monastère, consacrée à la confection des repas), quand il n’est pas au téléphone pour tenter de prévenir des suicides ; l’autre (joué par un comédien) travaille comme ouvrier sur les chantiers de déblaiement de la zone sinistrée.
Le cinéaste les regarde avec amusement et tendresse, mais sans complaisance, réussissant à les intégrer dans son univers profane, sans se faire dévorer par la commande. Aussi, plutôt qu’un film de propagande religieuse, Tenzo est une méditation fine, quoique parfois un peu ténue, sur notre capacité d’agir sur le monde, et la meilleure façon de le faire. S’y impose moins un discours surplombant qu’une relation sensible aux êtres et aux choses. Au personnage joué par Fabrice Luchini qui se demandait, dans Alice et le maire, ce que pouvait être la modestie en politique, on ne saurait trop conseiller de visionner cette œuvre délicate.
Tenzo de Katsuya Tomita avec Chiken Kawaguchi, Shinko Kondo, Ryugyo Kurashima (Jap., 2019, 1h01)
{"type":"Banniere-Basse"}